Les règles de la parole et de la conversation

Allah عز وجل nous informe que « Il (l’homme) ne prononce pas une parole sans avoir auprès de lui un observateur prêt à l’inscrire » (50 Qâf: 18) et le Prophète ﷺ nous dit: « Certes le serviteur dit, sans y prêter attention, une parole qui satisfait Allah تعالى (et) par laquelle Allah l’élèvera de plusieurs degrés. Et certes le serviteur dit, sans y prêter attention, une parole qui fâche Allah تعالى (et) par laquelle il tombera en Enfer » (al-Boukhârî).

La parole est un bienfait de notre Créateur mais ce bienfait peut se retourner contre nous s’il est mal utilisé. C’est pourquoi il est primordial de connaître les règles islamiques régissant la parole et la conversation afin d’utiliser notre langue dans le bien et éviter les péchés engendrés par nos paroles. Voyons ce qu’il est important de faire: 

Allah تعالى dit : « Et dis à Mes serviteurs de dire les meilleures paroles. Certes le Diable sème la discorde entre eux. Certes le Diable est, pour l’homme, un ennemi déclaré » (17 Le voyage nocturne: 53). Allah تعالى commande à Son Messager d’ordonner aux serviteurs croyants d’Allah d’utiliser les meilleures paroles et les mots bienveillants dans leurs conversations et leurs discussions car s’ils ne le font pas, le Diable sèmera la discorde entre eux; les mots deviendront des actes et le mal, les disputes et les combats surviendront…(tafsir Ibn Kathîr).  

Le Prophète ﷺ dit un jour à Mou’âz رضي الله عنه (dans un long hadith) : « … « Retiens celle-ci (en parlant de la langue)… »… « …et qu’est-ce qui fait tomber les gens en Enfer, sur leurs visages ou sur leurs nez si ce n’est ce que leurs langues ont récolté » (At-Timidhî: sahîh)

« Retiens celle-ci (en parlant de la langue)… » c’est-à-dire abandonne les paroles interdites, comme celles qui incluent le polythéisme envers Allah, le mensonge, le faux témoignage, le fait de parler d’Allah sans science, d’attaquer l’honneur des gens et d’autres péchés majeurs comme la médisance, la calomnie, les paroles obscènes, etc. Abstiens-toi de parler de choses inutiles et dénuées de sens, et si tu parles, ne parle que de bonnes choses comme prescrire l’aumône, les bonnes actions ou la réconciliation entre les gens, etc.

S’il n’y a pas de bien dans la parole alors la sécurité est dans le silence. C’est ainsi que le Prophète ﷺ a dit: « …et celui qui croit en Allah et au Jour Dernier, qu’Il dise du bien ou qu’il se taise » (al-Boukhârî- Mouslim) 

«…si ce n’est ce que leurs langues ont récolté »: si ce n’est à cause de ce qu’ils récolteront, au Jour de la Résurrection, de la profusion de paroles, prononcées dans le bas monde, contraires à l’obéissance à Allah عز وجل . (1) 

C’est pourquoi les paroles des pieux prédécesseurs السلف sur le fait de retenir sa langue sont nombreuses. Ainsi, Ibn Mass’oud رضي الله عنه a dit: « Je n’ai rien vu qui a le plus besoin d’un emprisonnement prolongé que la langue ». Al-Hassan a dit: « Attache ta langue sauf pour une vérité que tu établis, un mensonge que tu réfutes, une sagesse que tu propages ou un bienfait que tu évoques » Les salafs رحمهم الله ont écrit des ouvrages sur le bienfait de se taire. Les savants ont parlé sur les méfaits de parler beaucoup et ont encouragé les gens à moins parler…(2)

Le Prophète ﷺ restait parfois longtemps silencieux et lorsqu’il parlait, ses paroles étaient agréables. Il nous a encouragés à dire de bonnes paroles qui peuvent, إن شاء الله , nous sauver de l’Enfer. C’est ainsi qu’il nous a dit: «…Que chacun de vous se protège du feu (de l’Enfer), ne serait-ce qu’avec une moitié de datte et s’il ne trouve pas, alors avec une bonne parole » (Al-Boukhârî-Mouslim) (2)

Dans ce hadith, Le Prophète ﷺ ordonne à chaque musulman de mettre, entre lui et le feu (de l’Enfer), une barrière, en faisant l’aumône, même s’il donne la moitié d’une datte. S’il ne trouve rien à donner, alors qu’il fasse l’aumône d’une bonne parole qui réjouisse l’âme et le cœur des gens. Cela montre qu’une bonne parole est une aumône qui protège du feu de l’Enfer de même qu’une mauvaise parole mérite le feu de l’Enfer. Le musulman se doit donc de ne mépriser aucune forme d’aumône, même si elle est minime car cela profite à celui qui donne et à celui qui reçoit. (3) 

Dans un autre hadith, le Prophète ﷺ nous dit: « Dans le Paradis, il y a certes des appartements dont l’extérieur est visible depuis l’intérieur, et l’intérieur est visible depuis l’extérieur. Abou Mâlik al-Ach’ari dit alors: « Pour qui sont-ils, Ô Messager d’Allah ? » Il répondit: « Pour celui qui dit de bonnes paroles, donne à manger et prie la nuit alors que les gens dorment » (Sahîh at-Targhîb: sahîh). Dans un autre hadith, presque identique, on trouve, à la place de « qui dit de bonnes paroles » « qui parle gentiment » (Sahîh al-Jâmi’ : hassan)

Le Paradis est la chose la plus élevée que le musulman demande à son Seigneur عز وجل. Y entrer est une réussite manifeste, c’est pourquoi souvent, le Prophète ﷺ faisait convoiter le Paradis à ses Compagnons رضي الله عنهم , le leur décrivait et leur expliquait certains de ses délices afin qu’ils s’efforcent de l’obtenir…

« des appartements dont l’extérieur est visible depuis l’intérieur, et l’intérieur est visible depuis l’extérieur »: c’est-à-dire qu’ils sont transparents…comme s’ils étaient en verre, en diamant ou en perle et en rubis. Et Seul Allah تعالى sait ce qu’il en est…

« Pour celui qui dit de bonnes paroles »: qui s’exprime par des paroles agréables et laisse les paroles répugnantes et mauvaises. Cela fait allusion au bon caractère.

« donne à manger »: nourrir ceux qui ont faim parmi les pauvres et les nécessiteux. Cela fait allusion à l’aumône et à la dépense.

« prie la nuit alors que les gens dorment »: qui prie régulièrement la nuit (quiyâme al-layl قيام الليل et at-tahajjoud التهجد) pour Allah عز وجل alors que les gens, dans l’insouciance, dorment. 

Ce hadith nous enseigne que s’attacher aux adorations et les multiplier est une cause pour obtenir les hauts degrés au Paradis. (4)

Allah تعالى dit au sujet du conseil de Luqmân à son fils: « …et baisse ta voix. Certes la plus abominable des voix est bien la voix des ânes » (31 Luqmân: 19). Il ne fait aucun doute qu’élever la voix gêne l’auditeur et l’énerve. Cela indique un manque de bonnes manières sauf s’il est nécessaire de hausser la voix comme quand le prédicateur prêche aux gens. En effet, lorsque le Prophète ﷺ faisait un sermon, il élevait la voix, son visage devenait rouge comme s’il avertissait l’armée d’un danger imminent. 

De même, si on craint que personne n’entende un avertissement ou un savoir important alors on élève la voix, comme le Prophète ﷺ l’a fait, durant un voyage. Les gens étaient dispersés et ils faisaient les ablutions. Comme certaines personnes ne prenaient pas soin de bien laver leurs pieds, le Prophète ﷺ appela avec une voix haute pour être entendu de tous, en disant: « Malheur aux talons à cause du Feu ! » (Al-Boukhârî-Mouslim) (5)

Il est clair qu’élever la voix lorsque cela est nécessaire est parfois important et requis mais le plus souvent, lors des conversations et des échanges, il faut parler à voix basse.

Celui qui parle doit s’éloigner du bavardage, de la vantardise et de l’exagération dans l’éloquence.  Ainsi, le Prophète ﷺ a dit: « Parmi ceux d’entre vous que j’aime le plus et qui seront les plus proches de moi au Jour de la Résurrection, il y a ceux qui sont dotés des meilleurs caractères. Et ceux d’entre vous que je déteste le plus et qui seront les plus éloignés de moi au Jour de la Résurrection sont les bavards, les vantards et « les mutafayhiqûn المُتَفَيْهِقُون». Les Compagnons رضي الله عنهم demandèrent: « Ô Messager d’Allah! Nous connaissons les bavards et les vantards mais que veut dire les mutafayhiqûn ? Il répondit: « Les orgueilleux ». (At-Tirmidhî: sahîh)  

Le Prophète ﷺ a dit également: « Il y aura des hommes de ma nation qui mangeront toutes sortes de nourritures, boiront toutes sortes de boissons, porteront tous types de vêtements et parleront beaucoup et avec vantardise. Ce sont les pires de ma nation » (sahîh al-jâmi’: sahîh) (2)

Dans un autre hadith, le Prophète ﷺ nous informe que « Certes Allah عز وجل déteste l’homme éloquent qui remue sa langue comme la vache remue la sienne » (Abou Dâwoud: sahîh). Celui qui parle beaucoup commet beaucoup d’erreurs. Celui qui s’habitue à trop parler aura de la  difficulté à revenir à ce qui est juste et à retenir sa langue. Il en arrive à se délecter de ses paroles, à parler beaucoup avec vantardise tout en savourant et dégustant son éloquence et sa faculté d’élocution.

« Certes Allah عز وجل déteste l’homme éloquent »: l’éloquent est celui qui exprime ce qu’il pense de la meilleure façon. Mais ici, il s’agit de celui qui fait des manières, qui parle beaucoup, qui affecte l’éloquence et se vante devant les gens. 

« qui remue sa langue comme la vache remue la sienne »: à cause de ses paroles et ses vantardises excessives, il remue la langue dans sa bouche et entre ses dents, savourant ses paroles, comme la vache qui savoure la nourriture. Cette comparaison vise à décourager fortement la profusion des paroles sans raison. (6)

L’écoute attentive fait partie des bonnes manières surtout lorsque l’autre personne récite les paroles d’Allah تعالى. En effet, Allah عز وجل dit: « Et quand le Coran est récité, écoutez-le attentivement et taisez-vous afin que vous obteniez la miséricorde (d’Allah) » (7 Al-A’râf: 204)

Il est également important d’écouter avec attention les savants lorsqu’ils parlent, au premier rang duquel figure le Prophète ﷺ. C’est ainsi que les Compagnons رضي الله عنهم écoutaient très respectueusement le Prophète ﷺ. 

Une personne ne parle que si ses paroles sont destinées à plaire à Allah تعالى , car elle peut parler pour montrer son savoir, sa connaissance, son éloquence et sa rhétorique, pour monopoliser l’assemblée, pour se mettre en avant, pour nuire aux autres ou encore pour se montrer et présider la réunion. Tout cela fait partie des raisons qui poussent les gens à parler. Il faut, en fait, que la cause de la parole soit Allah عز وجل , on ne doit parler que d’une façon qui plaise à Allah تعالى .

Par conséquent, le musulman doit s’abstenir de parler, s’il pense que se taire plaira à son Seigneur, et que cela fait partie de la sincérité. Si son âme le pousse à parler par désir personnel, qu’il se taise et si son âme le pousse à se taire par désir personnel, qu’il parle. 

Cependant, il ne lui est pas permis de garder le silence quand il s’agit d’enseigner quelqu’un qui ne sait pas, d’avertir un insouciant ou d’ordonner le bien et interdire le mal. Et il doit toujours agir en suivant ces règles.

Une personne peut parfois vouloir parler mais en y réfléchissant, elle réalise que l’intérêt de parler est moindre que le fait de se taire car si elle parle, le mal sera plus grand, elle préfère donc garder le silence. Ainsi, lorsque Mu’âwiya رضي الله عنه prit le pouvoir, il demanda si quelqu’un voulait débattre sur ce sujet. Abdoullah ibn ’Omar رضي الله عنهما voulait lui répondre, alors qu’il était dans son droit, mais il s’est abstenu par peur que la communauté ne se divise et que le sang coule. Il se rappela de ce qu’Allah تعالى a préparé au Paradis puis il garda le silence. Habîb ibn Maslama رضي الله عنه lui dit alors: « Tu as été protégé et préservé » (7)

Ceci est la preuve qu’une personne peut vouloir parler mais elle reste silencieuse dans l’intérêt légal qui est l’intérêt de la religion et l’unité des musulmans par exemple. (2) 

Lorsque quelqu’un s’adresse aux gens, il doit utiliser un vocabulaire, accessible à leur esprit, qu’ils comprennent. Il ne doit pas leur parler de choses complexes dont ils ne saisissent pas le sens ni utiliser des mots singuliers qu’ils ne comprennent pas. Et même s’il choisit de parler de science, il doit sélectionner les choses fondamentales, claires et faciles à accepter et il laisse de côté celles qui pourraient rebuter les gens car ils les trouvent étranges, malgré qu’elles fassent partie de la religion…C’est pourquoi ‘Ali ibn Abî Tâlib رضي الله عنه a dit: « Parlez aux gens de ce qu’ils connaissent. Voulez-vous qu’Allah et Son Messager soient accusés de mensonge ? » (al-Boukhârî) (2)

Les capacités de compréhension et d’assimilation varient selon les gens. Le savant perspicace parle à chaque individu et chaque groupe de ce que leur esprit peut comprendre et accepter. Par ses paroles, le Commandeur des Croyants, ‘Ali ibn Abî Tâlib رضي الله عنه , nous enseigne à parler aux gens selon leur intelligence et de ce qu’ils comprennent et il nous conseille de laisser ce qui leur est compliqué et difficile à comprendre afin que cela ne soit pas une raison pour eux de démentir Allah et Son Messager ﷺ et de ne pas les croire. En effet, lorsque les gens entendent ce que leur esprit ne comprend pas, ils s’empressent de le démentir. C’est pourquoi le savant peut rendre sa science accessible en parlant aux gens ordinaires de ce qu’ils comprennent puis réserver l’étude des questions délicates aux gens intelligents et aux étudiants. (8)          

Parmi les bonnes manières de parler figure le fait de parler lentement, posément, avec précaution afin de favoriser la compréhension et la mémorisation. La mère des croyants, ‘Âïcha رضي الله عنها a dit: « Lorsque le Prophète ﷺ parlait de quelque chose si quelqu’un avait voulu compter (les mots) il aurait pu le faire » (al-Boukhârî). Cela nous montre l’intérêt, porté par le Messager d’Allah ﷺ, pour la clarification et l’explication. (9) 

Un jour ‘Âïcha رضي الله عنها a entendu un Compagnon رضي الله عنه qui rapportait des hadiths aux gens de façon  rapide, elle dit alors: «…Certes le Messager d’Allah ﷺ ne débitait pas de hadiths comme vous le faîtes » c’est-à-dire qu’il ﷺ ne se dépêchait pas de faire suivre ses propos, les uns à la suite des autres, afin de ne pas troubler l’auditeur.

Le Prophète ﷺ parlait lentement, en articulant bien les lettres et les mots, mais pas avec une lenteur (exagérée) qui ferait fuir l’auditeur.

Il faut répéter les paroles importantes qui sont difficiles à comprendre pour certains auditeurs du premier coup ou pour la première fois. C’est le sens des propos d’Anas ibn Mâlik رضي الله عنه qui a dit « Lorsqu’il (le Prophète ﷺ) prônonçait des paroles, il les répétait trois fois jusqu’à ce qu’elles soient comprises… » (al_Boukhârî). La répétition a donc pour but la compréhension et on ne répète pas plus de trois fois.

Quant à la répétition excessive, au-delà de trois fois, elle peut lasser. C’est pourquoi une servante dit un jour à Ibn As-Samâk رحمه الله (un savant mort en 344 H): « Que tes paroles sont belles sauf que tu les répètes (trop) ! ». Il répondit: « je les répète jusqu’à ce que celui qui ne les a pas comprises les comprenne » Elle dit: « Le temps que comprenne celui qui ne les a pas comprises, celui qui les a déjà comprises s’en lassera » (2)

Des Compagnons رضي الله عنهم ont dit: « Quand le Prophète ﷺ montait sur le minbar, nous tournions notre visage vers lui » (As-silsila as-sahîha d’al-Albanî). Yahya ibn Saïd al_Ansarî a dit: « La Sounna veut que lorsque l’imam s’assoit sur le minbar le jour du Vendredi, les gens tournent tous leur visage vers lui ». 

La sagesse derrière le fait de faire face à l’imam est que cela permet au fidèle de se préparer à écouter ses paroles et à le respecter durant l’écoute du sermon. Si le fidèle fait face à l’imam et se tourne vers lui, par le corps, le cœur et l’esprit, il devient plus à même de comprendre le sermon et d’accepter ce qui lui est prescrit de faire. (10) 

Le Prophète ﷺ a dit: « Rien n’est plus lourd dans la balance du croyant au Jour de la Résurrection qu’un bon caractère. Et certes Allah déteste la personne vulgaire et obscène » (At-Tirmidhî: sahîh). 

Si durant la conversation, une personne entend une obscénité, elle doit s’en détourner et détourner son visage pour montrer sa désapprobation de la mauvaise parole ou de la chose qui est contraire à la pudeur. (2)

‘Âïcha رضي الله عنها rapporte qu’ « une femme interrogea le Prophète ﷺ sur les ablutions majeures الغُسْل après les règles. Il lui expliqua comment se laver puis il dit: « Prends un morceau (de coton, de laine ou de tissu) parfumé au musc et purifie-toi avec. » Elle demanda: « Comment je me purifie? » Il dit: « Purifie-toi avec ! » Elle dit: « Comment ? » Il dit: « Gloire à Allah سبحان الله ! Purifie-toi ! ».( dans un autre hadith, rapporté aussi par al-Boukhârî, il est précisé que le Prophète ﷺ, pris d’un sentiment de pudeur, détourna son visage)  Alors ( ‘Âïcha رضي الله عنها dit) je l’ai tirée vers moi et j’ai dit: « Passe le morceau sur les traces de sang » » (al-Boukhârî) 

Cela montre que lorsqu’une personne en arrive à un point dans son discours où elle aborde une question contraire à la pudeur, elle détourne son visage. Cette femme pose une question et il ne convient pas que le Prophète ﷺ lui donne plus de détails que cela. Il laissa donc cette tâche à ‘Âïcha رضي الله عنها car les femmes se comprennent mieux entre elles, et l’on sait que le Prophète ﷺ était plus pudique qu’une vierge dans sa chambre.

Allah عز وجل, dans Son Noble Livre, nous dit: «…ou si vous avez touché aux femmes et que vous ne trouviez pas d’eau… » (5 La table servie: 6) Ibn ‘Abbâs et ‘Alî رضي الله عنهما ont expliqué que « toucher » dans ce verset signifie le rapport sexuel. Il ne s’agit pas du simple toucher car on sait que lorsque le Prophète ﷺ touchait ou embrassait sa femme, il ne refaisait pas ses ablutions.(11) Par ce verset, notre Seigneur nous enseigne comment parler de la meilleure façon de choses sensibles.

Lorsque les gens sont réunis dans une assemblée ou qu’un groupe vient pour parler, c’est le plus âgé qui parle s’il maîtrise les règles de la parole et s’il est savant. Il est poli de laisser commencer l’aîné. Le respect de la personne âgée est un des principes de la politesse de la charî’a. 

Dans un hadith, rapporté par al-Boukhârî, on trouve que des Compagnons رضي الله عنهم sont venus voir le Prophète ﷺ pour lui parler d’un meurtre ayant eu lieu à Khaïbar. Le frère de la victime, qui était le plus jeune, commença à parler mais le Messager d’Allah ﷺ lui demanda de laisser le plus âgé parler. 

On doit également laisser la parole au plus savant. Une occasion peut survenir, un incident peut arriver qui nécessite une prise de parole, tout le monde désire parler mais le commentaire sur le sujet est laissé au plus savant parmi eux car il possède, par le bienfait d’Allah تعالى, un discernement qui lui permet de convaincre les gens. Ses explications et ses paroles sont meilleures que celles des autres.

Ainsi, lorsque le Prophète ﷺ est décédé, les Compagnons رضي الله عنهم , n’étaient pas d’accord sur celui qui devait être investi du pouvoir. Pour les Ansârs, cela devait être un des leurs. ‘Omar رضي الله عنه voulait leur répondre et avait réfléchi à des paroles convaincantes mais c’est Abou Bakr رضي الله عنه qui prit la parole. ‘Omar رضي الله عنه reconnut alors qu’Abou Bakr رضي الله عنه était plus patient et plus digne que lui et que son discours était meilleur que celui qu’il avait préparé. (2)

Couper la parole aux gens est contraires aux bonnes manières. ‘Abdoullah ibn ‘Abbâs conseilla à son élève ‘Ikrima رضي الله عنهما en lui disant: « Parle aux gens (des enseignements de la religion) une fois par semaine, si tu veux vraiment plus alors deux fois et au maximum trois fois. Ne lasses pas les gens de ce Coran. Que je ne te voie pas aller trouver les gens pour leur parler (de religion) et interrompre leur conversation car tu les ennuierais. Tu dois plutôt te taire pour écouter. Lorsqu’ils te demandent de leur parler (de religion) alors fais-le car ils en ont envie. Fais attention à la prose rimée dans les invocations, évite-la car je sais que le Messager d’Allah ﷺ et ses Compagnons رضي الله عنهم ne faisaient que cela, c’est-à-dire qu’ils évitaient toujours (la prose rimée dans les invocations) » (al-Boukhârî)

Si les gens demandent à ce qu’on leur parle de religion, le discours leur sera plus utile que si on leur demande de se taire pour écouter. Mais dans une situation ou des gens oublient Allah عز وجل et commettent peut-être des péchés, il convient alors que l’un d’eux se lève et dise: « Frères! Écoutez, il y a untel qui voudrait parler ou nous voulons entendre ce qu’il a à dire plutôt que ces paroles inutiles » 

Ibn Hajar رحمه الله a déduit de ce hadith qu’il est détestable que quelqu’un parle (de religion) à des gens qui ne l’acceptent pas, qu’il est interdit de couper la parole d’autrui, qu’il ne faut pas transmettre la science à ceux qui ne la désirent pas et qu’il faut parler (de religion) à ceux qui souhaitent écouter car cela est plus apte à ce qu’ils en profitent. (2) 

Le Prophète ﷺ a dit: « Si vous êtes trois, que deux d’entre vous ne s’entretiennent pas en secret sans le troisième, jusqu’à ce que vous soyez mêlés aux gens (à d’autres personnes), car cela l’attriste » (al-Boukhârî).

« car cela l’attriste » : cette troisième personne pourrait croire qu’elle n’est  pas à la hauteur de la conversation, ce qui signifie la mépriser de façon indirecte. Ou bien elle peut penser que vous complotez contre elle. Ce genre de conversation provient du Diable car Allah تعالى nous dit: « La conversation secrète n’est que (l’œuvre) du Diable pour attrister ceux qui ont cru… » (58 La discussion: 10)

Maintenant prenons l’exemple d’un groupe de 10 personnes et que 9 d’entre elles se fassent des confidences en excluant la dixième, cela serait-il interdit ? Oui et c’est encore plus grave que dans le cas de 2 personnes qui en excluent une. 

Dans le cas où dans un groupe de 3 individus, 2 parlent, à voix haute, une langue que la troisième ne comprend pas, c’est également compté comme étant une conversation secrète car le résultat est le même. Si, dans un groupe de 4 personnes, 2 d’entre elles se parlent discrètement et que les 2 autres restent silencieuses et éloignées, ce n’est pas interdit car la troisième personne peut se familiariser avec la quatrième. (2)

Il faut garder le secret de la personne qui nous parle, si elle le demande clairement ou si elle en fait le signe, dans la mesure où cela ne nuit pas aux musulmans, bien sûr.

Ainsi, le Prophète ﷺ a dit: « Si l’homme parle de quelque chose (à quelqu’un) puis se retourne, c’est alors un dépôt (amâna أَمانة ) » (Abou Dâwoud, At-Tirmidhî, Ahmad : hassan)

Le fait de se retourner ici signifie qu’il s’assure que personne ne puisse l’entendre. Il parle puis se retourne veut dire que c’est un secret, même s’il ne dit pas à son auditeur « Garde cela pour toi et n’en parle à personne ! ». Le fait qu’il se retourne pour voir s’il n’y a personne indique que c’est une amâna (un dépôt à garder). Les savants ont dit: divulguer un secret est une trahison, c’est interdit s’il y a préjudice et c’est méprisable s’il n’y en a pas. 

Mais si cela nuit aux musulmans il faut obligatoirement le divulguer aux gens qui ordonnent le bien et interdisent le mal afin qu’ils modifient ce mal. Il ne convient pas que ce secret soit considéré comme sacré car il nuit aux musulmans. (2)

Le Prophète ﷺ a dit: « Il n’est pas permis à un musulman de rompre avec son frère plus de trois (jours, quand) ils se croisent, l’un se détourne et l’autre se détourne et le meilleur d’entre eux est celui qui commence par le salâm » (al-Boukhârî) 

Il n’est donc pas permis de cesser de parler au musulman plus de 3 jours. La limite d’une dispute entre croyants est de 3 jours, ensuite on doit obligatoirement reparler à son frère. (2)

Remarque importante: rompre le relation avec une personne n’est pas interdit dans le cas où l’on craint qu’elle puisse corrompre notre religion, nous nuire ou en raison de son mauvais comportement, de sa pratique de l’innovation…etc (12)

Le Prophète ﷺ a dit: « Il suffit à l’homme comme mensonge de parler de tout ce qu’il entend » (Mouslim). Il est commandé au musulman d’être sincère dans ses propos et ses paroles et de vérifier tout ce qu’il dit ou transmet afin de ne pas tomber dans le mensonge. Si l’on raconte tout ce qu’on entend, sans le vérifier, il y aura sûrement des choses qui seront fausses. Ainsi on participe à diffuser un mensonge, même si cela n’était pas notre intention. Ce hadith incite donc le croyant à vérifier ses informations (surtout s’il s’agit des paroles prophétiques) et à ne pas transmettre tout ce qui se dit sans un examen préalable. (13)

Le Prophète ﷺ a dit: « Malheur à celui qui parle et ment pour faire rire les gens, malheur à lui, malheur à lui ! » (At-Tirmidhî: hassan). Le vrai musulman est sincère, ne ment pas, et il évite les futilités dans ses paroles et ses actes. Ce hadith contient un enseignement et un avertissement. 

« Malheur à celui qui parle et ment pour faire rire les gens » : son but se limite à les faire rire et il ment pour cela. « malheur à lui, malheur à lui ! » : c’est-à-dire à lui la ruine, le châtiment et la perte. Cela parce que le mensonge est interdit et y recourir dans un but tel que faire rire, le rend encore plus interdit. Le Prophète ﷺ plaisantait avec ses Compagnons رضي الله عنهم et ne disait que la vérité. (14)

Le Prophète ﷺ a dit: « Je suis garant d’une maison aux abords du Paradis pour celui qui abandonne la dispute même s’il a raison, d’une maison au milieu du Paradis pour celui qui abandonne le mensonge même quand il plaisante et d’une maison dans les plus hauts degrés du Paradis pour celui qui a un bon caractère » (Abou Dâwoud: hassan)

« une maison » : c’est-à-dire un palais.

« celui qui abandonne la dispute même s’il a raison » : il a raison dans ce qu’il dit, car cela préserve les individus et parce que la dispute engendre la discorde et la division.

« pour celui qui a un bon caractère » : qui a un bon caractère avec Allah عز وجل en étant satisfait du décret et du destin d’Allah تعالى , en étant patient et en faisant Ses louanges lors de l’épreuve et en Le remerciant lors du bienfait et du don. Il a aussi bon caractère avec les gens en renonçant à leur faire du mal, en étant généreux, de bonne humeur avec eux tout en supportant leur mal. (15)

Allah تعالى nous dit : « Ô vous qui avez cru ! Qu’un groupe ne se raille pas d’un autre groupe : ceux-ci sont peut-être meilleurs qu’eux. Et que des femmes ne se raillent pas d’autres femmes : celles-ci sont peut-être meilleures qu’elles. Ne vous dénigrez pas et ne vous lancez pas mutuellement des sobriquets (injurieux). Quel vilain mot que « perversion » lorsque l’on a déjà la foi. Et quiconque ne se repent pas…ceux-là sont les injustes » (49 Les appartements : 11)

Parmi les droits des croyants les uns envers les autres, il y a celui de ne pas se moquer que ce soit par une parole, des propos ou un acte indiquant du mépris pour son frère (ou sa sœur) croyant(e), car c’est interdit. Cela montre l’orgueil de celui qui se moque. Et il se peut que celui qui est moqué soit meilleur que celui qui se moque, et c’est d’ailleurs souvent le cas. En effet, la moquerie ne vient que d’un cœur rempli de défauts, aux mœurs répréhensibles; c’est pourquoi le Prophète ﷺ a dit: «…Il suffit comme mal pour un homme de mépriser son frère musulman…» (Mouslim)…(16)

Allah عز وجل dit : « Ô femmes du Prophète ! Vous n’êtes comparables à aucune autre femme. Si vous êtes pieuses, ne soyez pas complaisantes dans votre langage, (sinon) celui qui a dans son cœur une maladie (vous) convoitera. Et tenez un langage convenable » (33 Les coalisés: 32)

Voici des règles qu’Allah تعالى a prescrit aux femmes du Prophète ﷺ et les femmes de la Communauté doivent les suivre dans cela. 

« ne soyez pas complaisantes dans votre langage » : signifie ne pas adoucir leur langage quand elles s’adressent aux hommes.

« celui qui a dans son cœur une maladie » : c’est-à-dire la perversion

« Et tenez un langage convenable » : une parole qui soit bonne, belle et reconnue pour son bien.

Cela signifie qu’elles doivent s’adresser aux étrangers en utilisant un langage qui ne soit pas doux; c’est-à-dire que la femme ne s’adresse pas aux étrangers comme elle s’adresse à son mari. (17)

Allah تعالى nous dit : « …Ne vantez pas vous-mêmes votre pureté; c’est Lui qui connaît mieux ceux qui (Le) craignent » (53 L’étoile: 32). C’est-à-dire ne faites pas l’éloge de votre âme car c’est plus éloigné de l’hypocrisie et plus proche de l’humilité. Allah تعالى  sait mieux ceux qui agissent sincèrement pour Lui et craignent Son châtiment (Tafsir al-Qortobî).

(Un jour), un homme fit l’éloge d’un autre homme devant le Prophète ﷺ qui dit alors : « Malheur à toi ! Tu as coupé le cou de ton ami, tu as coupé le cou de ton ami (il répéta cela) plusieurs fois. Puis il dit : « Celui qui veut absolument faire l’éloge de son frère, qu’il dise : « Je crois qu’un tel, Allah est Son Juge et je ne fais l’éloge de personne auprès d’Allah, je crois qu’il est comme ceci et comme cela, s’il sait cela de lui » (al-Boukhârî- Mouslim)

« Malheur à toi ! » : c’est une parole dont l’objectif n’est pas d’invoquer contre une personne, c’est plutôt un reproche ou un encouragement (à faire) quelque chose de précis. C’est une parole de compassion et de peine adressée à quelqu’un qui est en danger, un danger non mérité. 

« tu as coupé le cou de ton ami (il répéta cela) plusieurs fois » : c’est-à-dire tu l’as anéanti et lui a porté préjudice; car peut-être cette éloge va le conduire à être vaniteux et prétentieux. Il devient alors comme une personne décapitée qui a cessé de bouger. Le Prophète ﷺ répéta beaucoup cette parole pour avertir et attirer l’attention sur la gravité des paroles.

Ensuite le Prophète ﷺ a expliqué que dans le cas où l’éloge est obligatoire, parce que la situation l’exige selon la chari’a, comme faire l’éloge d’un témoin par exemple, qu’il dise alors : « Je crois qu’un tel, Allah est Son Juge et je ne fais l’éloge de personne auprès d’Allah, je crois qu’il est comme ceci et comme cela »  et qu’il se limite, dans sa description, à ce qu’il connaît comme bonnes qualités chez cette personne. Et il dit, en le décrivant: « Je le considère comme un homme juste, vertueux ou généreux » par exemple. Il ne décide pas et il n’est pas catégorique sur le sort de quelqu’un, que se soit en bien ou en mal, car Allah تعالى connaît son secret et c’est Lui Qui le rétribuera…(18)  

Il est permis à l’homme de faire sincèrement sa propre éloge en cas de besoin et non pas pour se vanter :

Ainsi « lorsque ‘Outhmân رضي الله عنه fut assiégé, il les (ses assiégeants) regarda du haut de sa maison et leur dit : « Je vous rappelle par Allah, savez-vous que lorsque (la montagne de) Hirâ’ trembla, le Messager d’Allah ﷺ dit : « Tiens bon Hirâ’ ! Il n’y a sur toi qu’un Prophète, un véridique ou un martyr » Ils dirent : « Oui » Il dit : « Je vous rappelle par Allah, savez-vous que le Messager d’Allah ﷺ a dit à propos de l’armée de la difficulté (pour l’expédition de Tabouk) : « Qui dépensera (verra sa) dépense acceptée, les gens sont épuisés et dans le besoin » J’ai donc équipé cette armée ». Ils dirent: « Oui » Puis il dit : « Je vous rappelle par Allah, savez-vous que personne ne buvait l’eau du puits de Rouma si ce n’est en payant, je l’ai donc acheté et mis à la disposition du riche, du pauvre et du voyageur ? » Ils dirent: « Ô Allah, oui » Et il énuméra d’autres choses » (Tirmidhî : hassan, sahîh, gharîb) (19)

Chakal ibn Houmaïd رضي الله عنه est venu voir le Prophète ﷺ et lui a dit : « Ô Prophète d’Allah ! Enseigne-moi une invocation par laquelle je cherche refuge » Il prit ma main puis il dit : « Dis (Ô Allah !) je cherche refuge auprès de Toi contre le mal de mon ouïe, contre le mal de ma vue, contre le mal de ma langue, contre le mal de mon cœur et contre le mal de ma semence » (An-Nissâî: sahîh)

Les Compagnons رضي الله عنهم s’adressaient au Prophète ﷺ, soucieux d’apprendre de lui, ce qui leur est utile ici-bas et dans l’au-delà. 

« une invocation par laquelle je cherche refuge » : c’est-à-dire : je me réfugie et je cherche protection auprès d’Allah pour qu’Il me préserve des maux d’ ici-bas et de l’au-delà.

« Il prit ma main » : le Prophète ﷺ a tenu sa main afin de lui faire ressentir sa grande attention et préoccupation pour lui et pour sa question.

« je cherche refuge auprès de Toi contre le mal de mon ouïe » : je cherche refuge auprès de Toi contre le fait qu’elle soit utilisée pour Te désobéir, comme écouter en cachette et espionner ce qu’Allah عز وجل a interdit.

« contre le mal de ma vue » : que je la laisse voir des choses alors qu’Allah عز وجل ordonne de baisser les yeux devant elles.

« contre le mal de ma langue » : contre les paroles qui ne contiennent pas le rappel d’Allah تعالى ou ce qu’Il a autorisé.

« contre le mal de mon cœur » : contre le fait qu’il ait une croyance corrompue ou qu’il contienne de la rancune, de la jalousie ou de l’amour pour les péchés et ceux qui les commettent. 

« contre le mal de ma semence » : c’est-à-dire : je cherche refuge auprès de Toi contre le fait de  la placer au mauvais endroit ou qu’elle me fasse tomber dans la fornication ou qu’elle me domine jusqu’à ce que je tombe dans la fornication ou ses préliminaires. Il a été dit: ce qui est visé ici c’est la demande de refuge contre le mal du désir intense de rapports sexuels car un désir excessif peut faire tomber dans la fornication ou ses préliminaires. 

Ces choses mentionnées par le Prophète ﷺ sont accompagnées de la demande de refuge car elles sont l’origine, la base et la source de tout mal. (20)  

Voilà certaines des règles de la parole et de la conversation en islam. Qu’Allah تعالى  nous aide à retenir ces principes et à les mettre en pratique. On se doit d’être attentifs à nos paroles car la langue est l’un des organes les plus nuisibles pour l’homme et l’un des plus difficiles à maîtriser face à l’interdit. Pour nous y aider, rappelons-nous toujours le sage conseil de notre Prophète bien-aimé ﷺ qui a dit: « …et celui qui croit en Allah et au Jour Dernier, qu’Il dise du bien ou qu’il se taise » (al-Boukhârî- Mouslim). oummatoukoum : le 28/1/1447 – 23/7/2025

(1) شرح الحديث  ICI

(2) كتاب سلسلة الآدب – المنجد : آداب الكلام والمحادثة . Chapitre 16 / pages 1 à 21 : ICI

(3) شرح الحديث  ICI

(4) a) الحديث الأول وشرحه : ICI    b)  الحديث الثاني : ICI

(5) شرح الحديث  : ICI   

(6) شرح الحديث  ICI  

(7) Pour plus de détails, voir le hadith rapporté par al-Boukhârî, avec l’explication (en arabe) : ICI   

(8) شرح الحديث : ICI

(9) الحديث : ICI 

(10) من السنة استقبال الخطيب بالوجه والنظر إليه : ICI  

(11) معنى قوله-تعالى-: ((أو لامستم النساء فلم تجدوا ماء فتيمموا )) : ICI 

(12) شرح الحديث : ICI 

(13)  شرح الحديث  : ICI 

(14) شرح الحديث : ICI 

(15) شرح الحديث : ICI 

(16) تفسير السعدي 

(17) تفسير ابن كثير  

(18) شرح الحديث : ICI  

(19) آداب الكلام – الأدب الخامس : ICI 

(20) شرح الحديث : ICI 

Les règles de la parole et de la conversation en islam.
Quelques règles à suivre pour éviter les péchés de la langue.

Pourquoi Ibn Taymiyya a-t-il été emprisonné ?

Allah عز وجل a décrété que les bons réformateurs  المُصْلِحُون subiront beaucoup d’hostilité, de disputes et même de la violence psychologique et physique. (Cela n’est pas étonnant) quand on sait ce que les Prophètes عليهم السلام  eux-mêmes ont subi de la part de leur peuple seulement parce qu’ils venaient avec ce qui contredisait l’héritage de leurs pères. 

Les Prophètes عليهم السلام voulaient les conduire au chemin qui mène à Allah تعالى mais ils se révoltèrent contre eux et s’accrochèrent à l’égarement de leurs pères en disant :

« …Nous avons trouvé nos ancêtres sur une religion أُمَّة , et nous nous guidons sur leurs traces » (43 L’ornement: 22). Ces gens étaient hostiles envers les Prophètes عليهم السلام, certains ont d’ailleurs été expulsés et d’autres tués. Allah تعالى dit: « …Est-ce qu’à chaque fois qu’un Messager vous apportait des vérités contraires à vos souhaits, vous vous enfliez d’orgueil ? Vous traitiez les uns d’imposteurs et vous tuiez les autres. » ( 2 La vache: 87 ).

Ensuite les bons réformateurs ont suivi les traces des Prophètes عليهم السلام et il n’y a pas de réformateur (qui suit le droit chemin) qui n’ait subi du mal et de l’hostilité. Nous en avons d’ailleurs des centaines d’exemples dans l’histoire islamique et parmi les plus éminents, il y a le cheikh de l’islam Ibn Taymiyya رحمه الله .

Le cheikh de l’islam est apparu dans une période où foisonnaient les idées fausses et les concepts erronés sur Allah عز وجل et Son Messager ﷺ  et sur diverses lois de l’islam…Ibn Taymiyya رحمه الله est venu pour lever l’étendard de la vérité, appeler à revenir au Livre et à la Sounna et s’attacher à la compréhension des pieux prédécesseurs de la Communauté سلف الأمة. Il n’est pas le premier, ni le dernier, à avoir porté ce drapeau mais il a surpassé les autres dans ce rôle.

Il a démontré la fausseté des erreurs en cours à son époque. C’est ainsi qu’il a, par exemple, réfuté le panthéisme الحلولية , les faussetés du soufisme et le culte des tombeaux  il a montré la contradiction du Kullâbisme الكُلَّايِيَّة et de l’Ash’arisme الأشْعَرية , il a également réfuté al-Murji’ah المرجئة, les khawârij الخوارج, al-Jahmiya  الجَهْمِيَة, al-Mu’tazila  المُعْتَزِلَة, al-Bâtiniya الباطنية et a-Râfida الرافضة (ou chiisme duodécimain)

( NdT: Pour un aperçu très intéressant (et en français) sur ces groupes, voir les livrets «Précis sur les factions égarées » du cheikh Al-Fawzan : ICI et « Qui sont les chiites duodécimains ? » : ICI . En ce qui concerne le chiisme duodécimain الشيعة الإثني عشرية (nommé aussi imâmisme الإمامية ), il faut savoir que c’est la plus importante branche du chiisme. Plus des trois quarts des chiites en font partie et c’est d’ailleurs la religion officielle de l’Iran.)

En plus de tout cela, Ibn Taymiyya رحمه الله a établi la vraie croyance  الحقيدة الحقة, tirée du Coran et de la Sounna, en appelant à une bonne compréhension de ceux-ci. Il rejetait l’imitation blâmable et incitait à se servir de la raison. Il a abaissé les drapeaux de la superstition et démoli les piliers de l’égarement, il est donc normal qu’il ait eu de nombreux adversaires voulant faire disparaître l’étendard qu’il avait hissé. 

Les ennemis d’Ibn Taymiyya رحمه الله se renouvellent en même temps que se renouvellent  sa mémoire, ses livres et sa science. Les adversaires d’aujourd’hui ne sont pas moins nombreux ni moins féroces que ceux d’hier mais la rivalité est passée des livres aux écrans de télévision et des discussions dans les assemblées aux débats publics sur internet. Le cheikh de l’islam رحمهالله a été accusé de nombreuses choses, tantôt en falsifiant ses propos et tantôt en tissant des mensonges sur lui. Le cercle des controverses avec les adeptes du soufisme, d’al-Bâtiniya, de l’Ash’arisme et de al-Jahmiya s’est élargi et englobe, aujourd’hui, des extrémistes, des laïcs, des modernistes et quelques rédacteurs de journaux, de magazines et sur internet.

Les attaques contre Ibn Taymiyya رحمهالله ne peuvent être comprises que comme étant une des façons de nuire à l’islam authentique, rien de plus…le calomnier n’est rien d’autre qu’une tentative de diffamer la vraie croyance الحقيدة الحقة : la croyance des gens de la Sounna et du Groupe أهلا لسنة والجماعة. Accuser Ibn Taymiyya de takfîr التكفير (c’est-à-dire accuser les autres d’incroyance) et de rigorisme التشدُّد facilite, en fait, l’accusation de tous ceux qui sont venus après lui parmi ceux qui le respectent ou suivent ses décisions qui sont dans leur ensemble les décisions des pieux prédécesseurs السلف. Il suffit alors de dire (pour les dénigrer) : « Ils font partie des partisans de l’extrémiste Ibn Taymiyya ! » 

Lorsqu’il atteignit l’âge de 32 ans, après son retour du Pèlerinage, il commença à être exposé aux épreuves de l’arrestation, aux cachots des prisons et à l’assignation à résidence. Durant 34 années, à partir de l’an 693 de l’Hégire jusqu’à sa mort dans la prison de la citadelle de Damas qui eût lieu le 20/11/728 H, il fut emprisonné 7 fois. Quatre fois en Egypte (au Caire et à Alexandrie) et trois fois à Damas. En tout, il a passé environ 5 années en prison.

Pourquoi Ibn Taymiyya رحمه الله a-t-il été emprisonné ? Était-il un takfiri, qui accusait les musulmans et ses adversaires d’incroyance, ce qui a conduit les savants de son temps à le condamner à la prison ? Ou donnait-il des fatwas autorisant à tuer les musulmans ce qui a conduit le dirigeant à l’en empêcher ? Ou est-ce parque certains détestent l’étendard de la vérité, sont aveuglés par la lumière du droit chemin الهدى et veulent éteindre cette lumière ?! Pour répondre à ces questions, il suffit de connaître les causes des emprisonnements du cheikh de l’islam et d’en tirer les leçons qui s’imposent.

Cette année-là, un chrétien nommé ‘Assâf insulta le Prophète ﷺ puis se réfugia chez des ‘Alaouites qui le protégèrent. Ibn Taymiyya رحمه الله se mit donc en colère car on a porté atteinte à l’honneur du Prophète ﷺ, le responsable n’a pas été puni et de plus, il est protégé ! Il se concerta avec le cheikh Zayn ad-dîn al-Fâriquî puis ils s’adressèrent à l’adjoint du sultan ‘Az a-din al-Hamawî, à Damas, et lui expliquèrent la nécessité de préserver l’honneur du Prophète ﷺ et que celui qui lui a porté préjudice doit être puni.

Le représentant du sultan ordonna alors qu’Assâf soit amené. Ibn Taymiyya et al-Fâriquî, après avoir donné le bon conseil, sortirent de chez al-Hamawî. Lorsqu’Assâf et celui qui était avec lui (son protecteur) arrivèrent, des gens l’insultèrent et lui jetèrent des pierres, le chrétien fut donc blessé. Al-Hamawî fit alors revenir Ibn Taymiyya et al-Fâriquî et les frappa devant ‘Assâf !! L’adjoint du sultan fit emprisonner le cheikh de l’islam pour une courte période en l’accusant d’avoir poussé le peuple (à se venger) !! 

Plus tard al-Hamawî déclara qu’Ibn Taymiyya et al-Fâriquî étaient innocents, il les convoqua et leur donna satisfaction. En réponse à cet évènement, le cheikh de l’islam composa le livre « L’épée dégainée contre celui qui insulte le Messager  الصارم المسلول على شاتم الرسول » qui reste une science utile pour la Communauté.

Ibn Taymiyya رحمه الله fut l’objet de nombreux débats sur sa croyance  العقيدة et à chaque fois, il confirmait la croyance des salafs et la défendait. Cette fois-ci, il fut emprisonné pour la croyance qu’il défendait (conforme à celle des pieux prédécesseurs) concernant Le Trône, La Parole et An-Nouzoul النزول  mais la véritable raison était l’hostilité de ceux qu’il réfutait et dont il démontrait l’égarement. Ces personnes prirent des dispositions contre lui auprès du pouvoir et excitèrent la colère de l’émir Rukn a-Dîn al-Jâchankîr. Parmi eux, on trouve le juge malikite Ibn Makhlouf (un des plus farouches opposants d’Ibn Taymiyya) et le cheikh de l’émir, Nasr al-Manbijî (un soufi, respecté de l’émir).

La cause de cela vient du fait qu’Ibn Taymiyya رحمه الله avait envoyé ses fatwas et ses livres en Égypte, appelant ses habitants à la vérité, démontrant l’erreur du soufisme, du panthéisme et d’autres choses. Les ennemis de la vérité ont donc mis l’émir en colère contre le cheikh de l’islam en falsifiant des faits et en mentant. Certains ont même écrit un livre mensonger sur Ibn Taymiyya رحمه الله , l’ont fait parvenir à l’émir en disant que telle était la croyance d’Ibn Taymiyya ! 

C’était la raison principale de cette affaire mais on peut y ajouter d’autres raisons comme la jalousie envers la place qu’Ibn Taymiyya رحمه الله tenait au sein de l’état, envers sa façon unique d’ordonner le bien et d’interdire le mal, envers l’obéissance des gens à son égard et envers sa mise en pratique de la vérité. Le résultat de tout cela fut l’emprisonnement d’Ibn Taymiyya رحمه الله durant un an et demi au Caire.

Après sa sortie de prison au mois de Rabî’ al-Awwal de l’an 707 H, Ibn Taymiyya رحمه الله resta en Égypte où il enseigna, émit des fatwas et appela les gens à Allah تعالى. Il parlait sur les minbars, dans les mosquées, du tafsir du Coran et sur d’autres sujets, et ce après la prière du Vendredi jusqu’à l’asr. De nombreuses personnes en profitèrent mais cela ne plaisait pas à ses adversaires qui n’aimaient pas le voir appeler les gens au Coran et à la Sounna.

Un groupe important de soufis se réunit donc au Caire et se mirent d’accord pour se plaindre d’Ibn Taymiyya رحمه الله auprès du Sultan. Un conseil fut donc tenu le 3 Chawwâl de l’an 707 H. La discussion portait sur l’appel à l’aide الإستغاثة et le tawassoul التوسل auprès des créatures et sur Ibn ‘Arabî. Les réponses d’Ibn Taymiyya رحمه الله démontrèrent sa science et la solidité de ses arguments. Les gens ont vu que ses paroles étaient justes et correctes mais le juge le condamna quand même. Il resta quelques jours en prison puis il repartit pour Damas. Il s’en suivit de cet évènement la rédaction, par Ibn Taymiyya, du livre « L’appel à l’aide الإستغاثة en réponse à al-Bakrî »

Le 18 Chawwâl 707 H, alors que le cheikh de l’islam était en route pour Damas, Nasr al-Manbijî (un soufi), à l’origine de la convocation d’Ibn Taymiyya en Égypte et de son emprisonnement, décida de le faire revenir pour le mettre en prison. Il fut donc présenté aux juges et aux jurisconsultes الفقهاء mais ces derniers n’étaient pas d’accord entre eux. Voyant cela, Ibn Taymiyya رحمه الله « J’irai en prison et je suivrai l’intérêt général ».

Il resta en prison environ 3 mois et demi. Durant cette période, les gens lui rendaient visite et lui demandaient des fatwas. Il recevait même des questions difficiles de la part de princes et de jurisconsultes auxquelles il répondait alors qu’il était en prison !

Le premier Rabî’ al-Awwal de l’an 709 H, un décret fut émis contre Ibn Taymiyya رحمه الله à Alexandrie. Des cheikhs vinrent lui dirent: « Ils font tout cela jusqu’à ce que tu sois d’accord avec eux. Ils cherchent à te tuer, t’exiler ou t’emprisonner » Il leur dit alors: « Si je suis tué, ce sera un martyr شهادة pour moi, s’ils m’exilent, ce sera une émigration هجرة pour moi, s’ils m’exilent à Chypre, j’appellerai ses habitants à Allah تعالى et ils répondront إن شاء الله à mon appel et s’ils m’emprisonnent, j’aurai un lieu d’adoration. Je suis comme le mouton, où que je me tourne, je me tourne sur de la laine » 

Nasr al-Manbijî et al-Jâchankîr rusèrent une nouvelle fois contre le cheikh de l’islam. Ils l’envoyèrent seul, sans escorte, à Alexandrie. Ibn Kathîr رحمه الله (qui était un des élèves d’Ibn Taymiyya رحمه الله ) a dit à ce sujet: « Ils ont voulu l’envoyer à Alexandrie en tant qu’exilé, dans l’espoir qu’un des habitants se montre insolent envers lui et l’assassine, ils seraient alors débarrassés de lui. Mais cela ne fit qu’accroître l’amour des gens pour lui, leur rapprochement de lui, leur recherche à bénéficier de sa science et leur préoccupation pour lui » (Le début et la fin الباية والنهاية 84/18 )

Lorsque An-Nâssir Mouhammad ibn Qualâwoun prit le pouvoir en 709 H, il libéra Ibn Taymiyya رحمه الله , le fit venir au Caire et l’honora. Il tua al-Jâchankîr et éloigna le soufi Nasr al-Manbijî qui mourut dans sa zâwiya. 

L’emprisonnement dura cette fois-ci 7 mois et 7 jours. On sait que le cheikh de l’islam fut emprisonné à plusieurs reprises à cause des complots de certains juristes et juges d’Égypte mais lorsqu’Ibn Taymiyya رحمه الله fut en position de force et qu’ibn Qualâwoun le consulta à leur sujet, il comprit alors que le sultan voulait les tuer car il leur en voulait de l’avoir destitué et prêté allégeance à al-Jâchankîr. Le cheikh de l’islam ne profita pas de cette occasion pour se venger de ces personnes, non, il s’est mis à dire du bien d’eux et à les remercier puis il dit au sultan: « Si tu tues ces gens, tu n’en trouveras pas de semblable après eux »Le sultan dit alors: « Ils t’ont fait du tort et ont voulu te tuer à plusieurs reprises ». Le cheikh répondit: « Celui qui m’a fait du mal est absous, celui qui fait du tort à Allah تعالى et à Son Messager ﷺ, Allah se vengera de lui. Quant à moi, je ne me vengerai pas pour moi-même » Ibn Taymiyya رحمه الله apaisa le sultan qui finit par leur pardonner. 

Suite à cela, le juge malikite Ibn Makhlouf (qui était un farouche opposant d’Ibn Taymiyya) dira: « Nous n’avons vu personne de plus pieux qu’Ibn Taymiyya. Nous avons tout fait contre lui et quand il a eu le pouvoir sur nous, il nous a pardonnés. »

Le cheikh de l’islam s’installa au Caire et se remit à enseigner et instruire. Le peuple, les étudiants, les princes et d’autres personnes le visitaient régulièrement afin de profiter de sa science et demander des fatwas. Certains s’excusaient auprès de lui de ce qui s’était passé, il disait alors: « J’ai absous tout le monde de ce qui s’est passé ». 

Ibn Taymiyya رحمه الله resta en tout 7 ans en Égypte durant lesquels il fut emprisonné 4 fois pour une durée totale d’environ 2 ans et demi. Durant son séjour, il écrivit de nombreux ouvrages, c’est ainsi qu’agit celui qui voit le bienfait des épreuves et transforme ces épreuves en bienfaits. Ibn Rajab رحمه الله , énumérant les livres écrits par le cheikh de l’islam en Égypte, dit: « Citons quelques noms d’œuvres majeures: Le livre de la foi (1 volume), Le livre de la droiture الإستقامة (2 volumes), La réponse aux objections égyptiennes sur les fatwas hamaouies (de la ville de Hama en Syrie) (4 volumes), La tromperie d’al-Jahmiya dans l’établissement de leurs innovations (bid’as) théologiques (6 gros volumes), Livre de l’épreuve égyptienne (2 volumes), Les questions alexandrines (1 volume) et Les fatwas égyptiennes (7 volumes)… »

Ibn Taymiyya رحمه الله quitta le pays le 8 Chawwal de l’année 712 H pour se rendre à Damas, en compagnie du sultan pour aller à la rencontre des Tatars. Les gens se réjouirent de son retour et de nombreuses personnes vinrent l’accueillir. 

Après son retour à Damas, Ibn Taymiyya رحمه الله reprit l’enseignement, il écrivait et donnait des fatwas. Ce fut la période la plus féconde de sa vie pour composer et écrire des ouvrages. Il se consacra à la recherche, à l’examen des questions ainsi qu’à la précision des réponses. Parmi les sujets dont il avait parlé, il y avait le serment de divorce (divorce lié à une condition émise sous forme de serment). 

Pour le cheikh de l’islam, le serment de divorce, lié à une condition, sans intention de mettre le divorce à exécution mais avec l’intention de confirmer, d’empêcher ou d’inciter ne constitue pas un divorce. Cependant celui qui jure doit expier son serment s’il l’enfreint (voir: ICI ) Par contre si, par la condition qu’il a prononcée dans sa phrase, le mari avait l’intention de répudier sa femme alors dans le cas où la condition sera remplie, son divorce sera alors effectif. Tel était l’avis d’ Ibn Taymiyya رحمه الله sur cette question et il s’en explique en disant: « Je ne connais aucun Compagnon رضي الله عنهم qui ait délivré une fatwa disant que le serment implique le divorce effectif – c’est-à-dire en cas de sa violation. De même que je ne connais aucun d’eux qui ait délivré une fatwa disant que le divorce prononcé, en étant lié à une condition qui a le sens d’un serment, est un divorce effectif… »

Sur ce point, il était en désaccord avec avec les jurisconsultes الفقهاء de son époque qui considéraient que le serment de divorce entraînait le divorce en cas de parjure. Mais pour lui, c’était un serment car telle était l’intention. En 718 H, on lui demanda donc de ne pas donner cette fatwa. Ibn Taymiyya رحمه الله accepta durant un certain temps puis il recommença à émettre cette fatwa. Au mois de Rajab de l’an 720 H, une séance s’est tenue à laquelle ont assisté le représentant de l’autorité, les juges et les jurisconsultes, en présence d’Ibn Taymiyya رحمه الله . Ils décidèrent de l’emprisonner, il fut donc incarcéré dans la citadelle. Le cheikh de l’islam en profita pour écrire des livres, des fatwas et de nombreuses réfutations. Ibn Taymiyya رحمه الله resta presque 6 mois en prison jusqu’à ce qu’un décret du sultan ordonne sa libération. Il fut donc libéré le jour d’Achoura de l’année 721 H.

Ibn Taymiyya رحمه الله consacra sa vie à la science, l’enseignement, l’examen des questions, à l’appel au Livre et à la Sounna selon la compréhension des pieux prédécesseurs السلف de la Communauté, à démontrer l’absence de contradiction entre la raison et an-naql النقل (ce qui a été transmis: versets, hadiths)…etc 

Parmi les questions qui reviennent souvent dans ses écrits, on trouve celle sur le tawassoul التوسل et l’appel à l’aide الإستغاثة . (Consulter à ce sujet « Le tawassoul légal et celui innové » et « Divers types de demande d’aide » ).

Le cheikh de l’islam a parlé de la question du voyage afin de visiter les tombes, y compris celle du Prophète ﷺ en se basant sur le Livre et la Sounna et son avis était qu’on ne voyage pas pour visiter les tombes mais pour aller à la mosquée du messager d’Allah ﷺce qui inclut bien sûr la visite de sa tombe. Il fut emprisonné pour cela !

Cet emprisonnement est l’un des plus étranges qu’Ibn Taymiyya رحمه الله ait connus ! En effet, il n’est pas venu avec quelque chose de nouveau. L’interdiction de voyager pour se rendre sur la tombe du Prophète ﷺn’est pas quelque chose qu’il a inventé, des savants avant lui et après lui on dit la même chose, alors pourquoi s’en prendre tout particulièrement au cheikh de l’islam sur ce point ? Il n’y a pas de raison sauf celle de diffamer Ibn Taymiyya رحمهالله et de chercher n’importe quel prétexte pour lui nuire !

On lui attribua des choses qu’il n’avaient pas dites, ses paroles furent déformées et cela lui causa un grand préjudice ! SI ses ennemis faisaient cela de son vivant alors qu’il pouvait se défendre, que pensez-vous qu’ils feront après sa mort ?… Le cheikh de l’islam fut donc emprisonné injustement dans la citadelle le 6 Cha’bân 726 H. Il était très calme quand on lui annonça la nouvelle et voyait dans cela un grand bien. Le 10 du même mois, un décret lui interdit de donner des fatwas. Son élève Ibn Al-Qayyim رحمه الله fut également emprisonné dans la forteresse.

Ibn Taymiyya رحمه الله profita de son emprisonnement pour écrire. Allah تعالى lui facilita la tâche et il écrivit des lettres, des fatwas et composa son livre « Réponse à al-Ikhnâî الردعلىالإخنائي» ( L’imam al-Ikhnâî (658-750 H) était un soufi et le juge en chef d’Égypte). Ce livre est une réponse au livre de cet imam qui pense qu’il est permis de voyager afin de visiter les tombes.

En l’an 728 H, un décret fut publié interdisant Ibn Taymiyya رحمه الله d’écrire. On lui confisqua les livres qu’il avait avec lui, ses feuilles, son encrier et sa plume. Il se mit donc à écrire avec du charbon. Ses compagnons réussirent à faire publier une partie des écrits qu’il composa durant cette période et ces écrits devinrent connus. 

Dans sa cellule, le cheikh de l’islam se consacra à l’adoration, à la récitation du Coran, au dhikr, aux prières nocturnes…Durant son dernier séjour en prison, il termina la lecture du Coran 80 fois. Le vingtième jour de Dhul l-Qi’dah en 728 H, au cours de sa 81ème lecture, il récita les 2 derniers versets de la sourate La lune « Certes les pieux seront dans des Jardins et (parmi) des rivières. Dans un séjour de vérité, auprès d’un Souverain Omnipotent » puis il prononça la chahada الشهادة et il mourut ! Qu’Allah تعالى lui fasse miséricorde.

Certains soufis considèrent Ibn Taymiyya رحمه الله comme un de leurs plus grands ennemis. C’est ainsi qu’ils apprennent à leurs adeptes à détester le cheikh de l’islam en l’accusant de tous les maux. D’autres soufis, quant à eux, essaient de le faire passer pour l’un des leurs en présentant les arguments suivants:

a) Il a dit du bien de certains soufis

Réponse: Il est vrai qu’il a fait l’éloge de certains soufis mais il faisait la différence entre les premiers soufis qui suivaient le Coran et la Sounna et les autres. Faire l’éloge de quelques personnes soufies ne signifie pas faire l’éloge du soufisme dans son ensemble et cela ne veut pas dire non plus qu’il en faisait partie. D’ailleurs nombre de ses écrits expliquent et réfutent les erreurs et égarements des voies soufies.

b) Il est enterré dans un cimetière soufi

Réponse: les cimetières soufis ne sont pas réservés aux seuls soufis, d’autres musulmans y sont enterrés. Ibn Taymiyya a tout simplement été enterré près de son frère Charaf Ad-Din Abdoullah.

A) Le réformateur doit allier patience et connaissance car si l’une de ces 2 choses vient à manquer, le préjudice sera important, pas seulement pour lui mais aussi pour tout le programme d’appel à l’islam. C’est une question que beaucoup de jeunes ne comprennent pas. Un grand nombre d’entre eux appellent à la religion, de manière incorrecte, sans science, ce qui fait que leur préjudice est plus grand que leur utilité.

Il convient donc pour celui qui veut réformer lui-même et sa Communauté de chercher le savoir de manière correcte, auprès des savants pieux et se fonder sur cela afin d’être comme Allah عز وجل dit: « Dis: « Voici ma voie, j’appelle (les gens à la religion) d’Allah, moi et ceux qui me suivent, nous basant sur une preuve évidente… » (12 Youssouf: 108) 

Il a également besoin de beaucoup de patience car il ne doit pas reculer lorsqu’on a grand besoin de lui sinon il entraînera avec lui un grand nombre de ceux qui le prennent comme un exemple à suivre.    

B) L’épreuve devient récompense. Bien qu’Ibn Taymiyya رحمه الله fut emprisonné injustement, cela n’a pas éteint la flamme de son amour pour le bien. Ces emprisonnements n’ont pas entravé son cœur et sa pensée. Au contraire, il en a profité pour écrire de nombreux livres. Il a aussi tenu des débats en prison, conseillé les gens et expliqué la vérité. 

C) Accueillir l’épreuve par le remerciement. Bien que la prison soit un endroit étroit, une énorme épreuve et tentation, Ibn Taymiyya رحمه الله considérait, quant à lui, qu’elle était le lieu de la louange et du remerciement. Lorsqu’il fut exilé à Alexandrie, il se rendit à la porte de la prison et quelqu’un lui dit: « Monsieur ! Ceci est le lieu de la patience » Il lui répondit: « C’est plutôt le lieu de la louange et du remerciement. Par Allah, Il fait descendre sur mon cœur une joie et un bonheur si grands que s’ils étaient partagés entre les habitants du Châm et de l’Égypte, il en resterait encore. Et si j’avais de l’or ici et que je le dépensais, je n’aurais pas payé le dixième de ce bienfait dans lequel je suis » 

Il a dit également: « De quoi aurais-je peur ? Si je suis tué, je serai parmi les meilleurs martyrs, la miséricorde et la satisfaction seront sur moi jusqu’au Jour de la Résurrection. Et celui qui me tuera aura sur lui la malédiction perpétuelle ici-bas et le châtiment dans l’au-delà. Que tous ceux qui croient en Allah et en Son Messager sachent que si je suis tué pour la religion d’Allah ou si je suis emprisonné alors l’emprisonnement est pour moi l’un des plus grands bienfaits d’Allah envers moi. Et par Allah, je n’arrive pas à Le remercier suffisamment pour ce bienfait. Je n’ai pas ce que les gens ont peur de perdre, pas de troupeaux, pas d’école, pas de biens, pas de leadership ni de prestige. »

D) Ibn Taymiyya n’a jamais été emprisonné pour takfîr التكفير (c’est-à-dire accuser les autres d’incroyance), pourtant ses adversaires ne cessent de répéter et de propager l’idée  qu’il est un takfirî et que de nombreux groupes « extrémistes » ne font que suivre sa voie et ses idées ! De plus, cette calomnie est répandue de toutes les façons possibles ! 

Ce n’est pas la faute d’Ibn Taymiyya رحمه الله si des extrémistes se réfèrent à lui, interprètent mal ses propos et acceptent certaines de ses paroles tout en laissant d’autres. Ces gens ne cessent de tirer leurs arguments du Coran et de la Sounna, peut-on dire pour autant que l’erreur vient du Livre et de la Sounna ? Non, elle provient en réalité de leur compréhension déformée.  

Ce qui est étrange, c’est que les adversaires de l’époque d’Ibn Taymiyya رحمهالله  ne l’ont jamais accusé d’être un moukaffir مُكَفِّر (qui accuse les autres d’incroyance) malgré leur vive hostilité et toutes les méthodes qu’ils ont utilisées pour lui nuire ! Pensez-vous que de telles personnes auraient négligé une question aussi évidente et grave que le takfîr et se seraient tourné vers d’autres accusations si Ibn Taymiyya رحمهالله était vraiment un moukaffir ??!

Il est important de se poser cette question quand on voit les légions des ennemis des gens de la Sounna et du Groupe (al-Jamâ’a الجماعة ) accuser Ibn Taymiyya رحمه الله d’être un moukaffir (ou takfirî) rigoriste. Parmi les savants de son époque, qui l’ont côtoyé, ont lu ses écrits, l’ont jugé, ont discuté, argumenté et débattu avec lui, jamais personne ne l’a accusé une seule fois d’être un moukaffir ou l’a emprisonné pour cela.

Il est étrange que des personnes disent qu’Ibn Taymiyya رحمهالله est un takfirî alors que quiconque lit l’histoire de son époque trouvera qu’en fait ce sont certains de ses adversaires qui l’ont accusé d’incroyance et ont demandé qu’on lui coupe la langue, voire qu’on le tue ! Par contre, plus tard, lorsque le sultan consulta le cheikh de l’islam afin d’exécuter ces gens, Ibn Taymiyya رحمه الله dit alors du bien d’eux pour préserver leur vie !

Le juge Ibn Makhlouf condamna Ibn Taymiyya رحمه الله , durant son jugement, il fut interrogé sur sa croyance, mais ce juge refusa d’entendre ses arguments puis le fit enfermer dans une très mauvaise prison ( les conditions de vie y étaient exécrables). Malgré tout cela, le cheikh de l’islam a dit à propos d’Ibn Makhlouf : « Et Ibn Makhlouf, quoiqu’il fasse, par Allah, je ne peux pas faire de bien sans l’accomplir avec lui et je n’aiderai jamais son ennemi contre lui. Il n’y a de force et le puissance qu’en Allah. Telle est mon intention et ma détermination, en sachant bien tout ce qui s’est passé. Je sais que le diable sème la discorde parmi les croyants et je ne serai pas une aide pour le diable contre mes frères musulmans ! »

Ibn Taymiyya رحمه الله , que l’on accuse d’être un moukaffir, est le même qui a dit: «…Je suis l’une des personnes les plus opposées à ce qu’un individu soit accusé de mécréance, d’immoralité ou de désobéissance sauf si l’on sait que la preuve, provenant du message de l’islam, a été établie contre lui… ». Il a dit également: « Je suis patient avec celui qui me contredit, même si lui transgresse les limites d’Allah à mon égard, en m’accusant d’incroyance, d’immoralité, de mensonge ou d’intolérance insensée et bien moi, je ne transgresse les limites d’Allah à son égard. Je veille plutôt à mes paroles et mes actions, je les pèse sur la balance de la justice et je fais qu’elles soient conformes au Livre qu’Allah تعالى a révélé et en a fait un guide pour les gens et un juge dans leurs divergences. Allah عز وجل dit: « Les gens formaient (à l’origine) une seule communauté (croyante). Puis (après leurs divergences), Allah envoya des Prophètes comme annonciateurs (de bonnes nouvelles) et avertisseurs; et Il fit descendre avec eux le Livre contenant la vérité, pour juger entre les gens ce sur quoi ils divergent… » ( La vache: 213) » 

Tout au long de sa vie, Ibn Taymiyya رحمه الله passa d’une épreuve à une autre, d’un procès  à un autre, d’une prison à une autre…Il a subi toutes sortes de préjudices: il lui fut interdit de délivrer des fatwas et d’enseigner, il fut dénigré de partout, banni, persécuté et emprisonné. Les gens qui suivent l’erreur أهل الباطل en sont même arrivés à l’accuser d’incroyance, ils ont conspiré pour le tuer mais Allah عز وجل l’a protégé ! Le plus triste est que ces attaques ne venaient pas des ennemis de l’islam mais de ses opposants parmi les musulmans ! Avec ces 7 emprisonnements, Ibn Taymiyya رحمه الله passa plus de 5 ans de sa vie en prison. 

La jalousie et la rancune de ses détracteurs expliquent, en grande partie, les attaques subies par Ibn Taymiyya رحمهالله. En effet, on sait que le cheikh de l’islam jouissait d’un rang élevé auprès des gens, surtout après ses célèbres positions contre les Tatars alors que beaucoup de jurisconsultes et de juges fuyaient Damas par peur d’une mort imminente. Quant à Ibn Taymiyya رحمه الله , il était là à raffermir les gens, leur récitant les versets sur le jihad, leur jurant qu’ils seraient victorieux. Il n’est pas resté les bras croisés devant ces tyrans ! Il est également intervenu personnellement et à fait libérer les prisonniers musulmans et chrétiens des Tatars durant le mois de Rajab de l’an 699 H. Ses paroles étaient influentes auprès du peuple, ce n’était pas le cas des juges qui l’ont accusé et condamné.

De même, il a cassé les étendards qui avaient été dressés pour appeler les gens aux zâwiyas, aux takiyyas (endroits pour les soufis), à l’incarnation الحُلُول et à l’union avec le divin الإتحاد. Ibn Taymiyya رحمه الله appelait les gens à la croyance pure, la même que celle des Compagnons رضي الله عنهم et des pieux prédécesseurs de la Communauté. C’est pourquoi nous avons vu que Nasr al-Manbijî (un soufi, proche de l’émir) retournait souvent les autorités contre Ibn Taymiyya رحمه الله pour le faire enfermer car le cheikh de l’islam avait réfuté ses erreurs ! 

Un jour, le cheikh de l’islam évoqua les épreuves les plus importantes auxquelles il fut confronté, en disant: « Que peuvent me faire mes ennemis ? Mon paradis et mon jardin sont dans mon cœur, où que j’aille, ils sont avec moi et ne me quittent pas. Ma prison est un lieu de recueillement, me tuer est un martyre شهادة et m’expulser de mon pays est un voyage »

Les paroles de vérité ne peuvent être enchaînées, toutes ces épreuves s’en sont allées mais la science, la mémoire et les nobles qualités du cheikh de l’islam demeurent. oummatoukoum, le 29/12/1446- 25/6/25.

Références:

ICI   بينَ محاكماتِ الأمس وافتراءَاتِ اليوم (لماذا سُجِنَ ابن تيمية؟)

ICI   ابن تيمية يموت وهو يقرأ القرآن

 ICI  موقف ابن تيمية من التصوف

ICI  في توجيه ثناء ابن تيمية على الجُنَيْد سيد الطائفة الصوفية

Pourquoi Ibn Taymiyya a-t-il été emprisonné ?
Ibn Taymiyya était-il un soufi ?