Le samâ’ soufi fait-il partie de l’islam ?
الحمد لله رب العالمين والصلاة والسلام على نبينا محمد
On trouve dans le soufisme une pratique nommée le samâ’ السَّماع. Ce mot, qui vient du verbe sami’a سَمِعَ , signifie l’audition, l’écoute. En français, on retrouve ce terme traduit comme suit : audition, concert, écoute, cérémonie ou chants spirituels, ou encore danse sacrée.
Cette pratique consiste pour les soufis à se rapprocher d’Allah تعالى par des chants, des poèmes, des invocations, du dhikr accompagnés ou non d’instruments de musique et de mouvements du corps. Mouvements concrétisés par des balancements, des sauts ou de la danse. Les soufis accordent beaucoup d’importance au samâ’ c’est pourquoi une partie de leurs livres y est consacré.
Remarque importante : ce sujet ne traite pas de la position de l’Islam par rapport à la musique, le chant et la danse ( sujet détaillé : ICI ) mais il parle du fait d’adorer Allah تعالى par le chant, la danse car pour les soufis, le samâ’ sert à se rapprocher de son Seigneur.
Le Prophète ﷺ et ses Compagnons رضي الله عنهم ne pratiquaient pas le samâ’ alors pour justifier cette innovation, les soufis avancent plusieurs arguments dont :
1) Le comportement de Salman رضي الله عنه
Les soufis disent que lorsque fut révélé le verset « Et l’Enfer sera sûrement leur lieu de rendez-vous à tous » (15 Al-Hijr : 43), Salam al-Fârissî رضي الله عنه poussa un cri, tomba sur la tête et prit la fuite durant 3 jours. Ils prennent cet évènement comme preuve pour justifier les cris et les évanouissements qui se déroulent dans certains samâ’s.
Réfutation : L’imam Ibn Al-Jawzî رحمه الله a dit : « Cela est absurde et mensonger, cet évènement est rapporté sans isnad, le verset en question a été révélé à la Mecque alors que Salman رضي الله عنه a embrassé l’islam à Médine et aucun des Compagnons رضي الله عنهم n’ont apporté ce genre de chose ! »
On connaît la piété des Compagnons رضي الله عنهم et leur crainte d’Allah تعالى , pourtant ils ne criaient pas et ne s’évanouissaient pas comme le font certains soufis en prétextant des états « d’extase »!
2) Le verset « Frappe de ton pied »
Le Prophète Ayyoub (Job) عليه السلام fut touché par les épreuves et les maladies durant de longues années. Un jour, il appela son Seigneur en disant : « Le Diable m’a infligé détresse et souffrance » et la réponse fut « Frappe (la terre) de ton pied : voici une eau fraîche pour te laver et voici de quoi boire » (38 Sâd: 41, 42). Pour les soufis, ce verset donnerait la permission de danser !
Réfutation : cet argument n’est pas valable car Allah عز وجل n’a pas ordonné à Ayyoub عليه السلام de frapper de son pied par joie ou extase mais seulement pour qu’il agisse et que son acte soit la cause (de la sortie de l’eau de terre) par générosité pour Son Prophète عليه السلام .
3) Le hadith sur les sautillements
Il est rapporté ( ICI ) que Le Prophète ﷺ s’est adressé à ‘Alî de cette façon: « Tu es issu de moi et moi de toi » alors ‘Alî sautilla; puis il dit a Ja’far « Tu me ressembles physiquement et moralement » alors il sautilla derrière le sautillement d’Alî puis il dit à Zaïd « Tu es notre frère et notre affranchi » alors Zaïd sautilla derrière le sautillement de Ja’far.
Ce hadith a été rapporté par Ahmad, al-Baïhaqui et al-‘Iraquî. Ce dernier juge que son isnad est bon. Mais dans la vérification du mousnad d’Ahmad, al-Arnâout dit que l’isnad est faible est que le terme « sautillement » est réprouvé et étrange. C’est pourquoi, dans le Sahih de Boukhârî, on trouve cet évènement mais sans que le sautillement des Compagnons رضي الله عنه ne soit rapporté.( Voir : ICI )
Réfutation : En supposant que le hadith soit authentique, on n’y trouve pas que les Compagnons رضي الله عنهم aient dansé dans une séance de dhikr (loin d’eux de faire une telle chose !), on trouve seulement qu’ils ont manifestés leur joie, en sautillant, à cause des éloges que leur a fait le Prophète ﷺ. Ce hadith ne peut donc pas servir de preuves aux danses soufies.
4) Le hadith sur les 2 petites filles
La mère des croyants, ‘Aïcha رضي الله عنها a dit : « Abû Bakr est entré chez moi alors que deux petites filles Ansarites chantaient (les poésies) que les Ansârs avaient récitées lors de la bataille de Bu’âth (qui s’est déroulée entre les deux tribus al-‘Aws et al-khazradj). Elles n’étaient pas des chanteuses. Abû Bakr dit alors : “ Comment les chants (ou flûtes) du diable dans la maison du Messager d’Allah ﷺ ?! C’était le jour de la fête, le Messager d’Allah ﷺ dit alors : “Ô Abû Bakr ! Chaque peuple a une fête et ceci est notre fête.” » (Boukhari et Mouslim). Des soufis se sont fondés sur ce hadith pour autoriser la chanson ainsi que le fait de l’écouter avec ou sans instrument de musique.
Réfutation : Ibn Qayim رحمه الله trouve étonnant que l’on puisse se baser sur le chant de 2 petites filles, un jour de fête, qui se réjouissaient (en chantant) des vers (de la poésie arabe) parlant du courage, des guerres, de la haute moralité et des bons caractères pour ‘Aïcha رضي الله عنها (très jeune à cette époque) pour rendre licite le fait d’écouter la musique ! Quel lien existe-t-il entre ceci et cela ? De plus, Abou Bakr رضي الله عنه a nommé cela « les chants (ou flûtes) du diable » sans que le Prophète ﷺ ne le démente, il l’a autorisé parce qu’il s’agissait de 2 petites filles qui ne pouvaient pas provoquer la débauche par leurs chants. Cela peut-il être considéré comme un argument apte à légitimer le fait d’écouter de la musique, avec toutes les implications que nous connaissons ?. Pureté à Allah ! Comme est fausse leur raison et leur compréhension ! (Madaridj As-Salikîn 1/493)
Ibn Al-Jawzî رحمه الله a dit: Aïcha رضي الله عنها était très jeune à ce moment-là. Mais lorsqu’elle est devenue adulte, elle n’a pas cessé de condamner la musique. Son cousin Al-Qâsim ibn Muhammad qui était son élève condamnait lui aussi la musique et interdisait son écoute. Voir Talbîs Iblîs 229
Ce hadith nous montre, en fait, qu’il est permis aux petites filles de chanter des chants dans lesquels il n’y a pas d’interdit religieux et ce durant les jours de fêtes mais ne peut pas servir de preuve pour adorer Allah تعالى par des chants ou de la danse !
5) La danse des abyssins
Des hadiths, rapportés par al-Boukharî et Mouslim, nous apprennent que pendant la fête, des abyssins (éthiopiens) sont venus à la mosquée du Prophète ﷺ et ont joué, devant lui, avec leurs lances. (voir : ICI ). Ils ont pratiqué le zafn الزَّفْن qui est une sorte de marche mêlée à la danse. Ceci est souvent pratiqué pendant la guerre, avant le combat afin de montrer son courage à l’ennemi. Les soufis, quant à eux, pensent que cela est une permission pour la danse soufie.
Réfutation : Dans son explication du Sahih Mouslim, a-Nawawî رحمه الله , dit que dans le hadith, il y a une autorisation de jouer avec les armes dans la mosquée et que cela fait partie des choses qui aident au combat. Pour Ibn Hajar رحمه الله, les hadiths sont une preuve qu’il est permis de jouer avec les armes en sautant afin de s’entraîner et s’encourager à la guerre (Fath al-Bârî).
En lisant les commentaires des savants, il apparaît clairement que ces hadiths ne peuvent pas servir de preuve à la danse soufie. De plus, il faut savoir que durant cet évènement, les abyssins ne se trouvaient pas autour du Prophète ﷺ, et ne pratiquaient pas le dhikr, comme le soutiennent certains qui tentent, par tous les moyens, de trouver un argument à leurs innovations.
Nous nous contenterons de ces quelques arguments, avancés par les soufis, car les présenter tous allongerait inutilement le sujet car tous sont du même style; soit inexacts, soit avec une fausse interprétation. Pour ceux qui voudraient en savoir plus, ils peuvent consulter les articles mentionnés dans les références (en fin de sujet) et le livre de l’imam ibn Qayyim al-Jawziyya : الكلام على مسألة السماع : ICI ( Discours sur la question du samâ’ )
6) L’avis de l’imam Mâlik رحمه الله sur le samâ’
Le Qâdi ‘Iyâd رحمه الله a dit: « Al-Massîbî a dit: « Nous étions avec Mâlik رحمه الله et ses compagnons étaient autour de lui. Un homme de Nousseïbine (ou Nusaybin, ville au sud-est de la Turquie) a dit: « Ô Abou Abdoullah ! Nous avons chez nous des gens que l’on appelle les soufis. Ils mangent beaucoup, puis ils récitent des poèmes puis ils se lèvent et dansent ». Mâlik dit alors: « Sont-ils des enfants ? » L’homme répondit « Non ». L’imam demanda: « Sont-ils fous ? ». Il répondit: « Non, ce sont de vieilles personnes ». Mâlik dit alors: « Je n’ai jamais entendu que quiconque, parmi les musulmans, agisse ainsi »
7) Dangers du samâ’
Appeler au soufisme par les chants et la musique pour se rapprocher d’Allah تعالى est un moyen d’agrandir le nombre des disciples car les gens aiment s’amuser. Occuper le musulman à chanter, à danser, à réciter des invocations et du dhikr inventés est un moyen pernicieux de l’éloigner de la voie droite, de la vraie science, de l’apprentissage de l’arabe, du Coran, des hadiths, des tafsirs…etc De plus, on s’aperçoit que ceux qui sont habitués à cette pratique ont plus de difficulté à écouter et à s’émouvoir du Coran. Et écouter des vers leur procure plus de plaisir que d’écouter le Livre d’Allah تعالى !
8) Conclusion
Les soufis ont essayé de justifier, par tous les moyens, le samâ’ en s’appuyant sur des sources islamiques en leur donnant une fausse signification ou en utilisant des sources qui ne sont pas authentiques. Ils ont réussi, de cette façon, à convaincre certaines personnes, c’est pourquoi il est important que la Communauté soit informée de la fausseté de leur argumentation.
La danse, les chants dans des séances de dhikr font partie des innovations et ne permettent donc pas de s’approcher de son Seigneur. Les chants et les mouvements du corps pratiqués par les soufis ressemblent en réalité aux pratiques des chrétiens et des juifs. Il suffit d’ailleurs comme preuve de la fausseté du samâ’ de dire que le Prophète ﷺ ne le pratiquait pas, de même que ses Compagnons رضي الله عنهم . oummatoukoum le 5 Joumada a-thanî 1442 / 18-1-2021.
والله تعالى أعلم
Références :
(1) عبادات تحت الضوء…السماع والذكر عند الصوفية : ICI
(2) الوجد والرقص عند الصوفية : ICI
(3) بطلان الاستدلال بلعب الحبشة بالحراب على الرقص الصوفي ! : ICI
(4) هل ثبت حديث أن الصحابة رقصوا ويستدل بذلك على الرقص في حلق الذكر ؟ : ICI
(5) L’interdiction de la musique en islam 1/2 : ICI
L’interdiction de la musique en islam 2/2 : ICI
(6) La position de l’Islam par rapport à la musique, le chant et la danse : ICI
(7) آراء أئمة الإسلام في التصوف وأهله ICI


