Le samâ’ est-il islamique ?

Le samâ’ soufi fait-il partie de l’islam ?

الحمد لله رب العالمين والصلاة والسلام على نبينا محمد 

On trouve dans le soufisme une pratique nommée le samâ’ السَّماع. Ce mot, qui vient du verbe sami’a  سَمِعَ , signifie l’audition, l’écoute. En français, on retrouve ce terme traduit comme suit : audition, concert, écoute, cérémonie ou chants spirituels, ou encore danse sacrée.

Cette pratique consiste pour les soufis à se rapprocher d’Allah تعالى par des chants, des  poèmes, des invocations, du dhikr accompagnés ou non d’instruments de musique et de mouvements du corps. Mouvements concrétisés par des balancements, des sauts ou de la danse. Les soufis accordent beaucoup d’importance au samâ’ c’est pourquoi une partie de leurs livres y est consacré. 

Remarque importante : ce sujet ne traite pas de la position de l’Islam par rapport à la musique, le chant et la danse ( sujet détaillé : ICI ) mais il parle du fait d’adorer Allah تعالى par le chant, la danse car pour les soufis, le samâ’ sert à se rapprocher de son Seigneur.

Le Prophète ﷺ et ses Compagnons رضي الله عنهم ne pratiquaient pas le samâ’ alors pour justifier cette innovation, les soufis avancent plusieurs arguments dont :

1) Le comportement de Salman رضي الله عنه

Les soufis disent que lorsque fut révélé le verset « Et l’Enfer sera sûrement leur lieu de rendez-vous à tous » (15 Al-Hijr : 43), Salam al-Fârissî رضي الله عنه poussa un cri, tomba sur la tête et prit la fuite durant 3 jours. Ils prennent cet évènement comme preuve pour justifier les cris et les évanouissements qui se déroulent dans certains samâ’s.

Réfutation : L’imam Ibn Al-Jawzî رحمه الله a dit : « Cela est absurde et mensonger,  cet évènement est rapporté sans isnad, le verset en question a été révélé à la Mecque alors que Salman رضي الله عنه a embrassé l’islam à Médine et aucun des Compagnons رضي الله عنهم n’ont apporté ce genre de chose ! »

On connaît la piété des Compagnons رضي الله عنهم et leur crainte d’Allah تعالى , pourtant ils ne criaient pas et ne s’évanouissaient pas comme le font certains soufis en prétextant des états « d’extase »!

2) Le verset « Frappe de ton pied »

Le Prophète Ayyoub (Job) عليه السلام fut touché par les épreuves et les maladies durant de longues années. Un jour, il appela son Seigneur en disant : « Le Diable m’a infligé détresse et souffrance » et la réponse fut « Frappe (la terre) de ton pied : voici une eau fraîche pour te laver et voici de quoi boire » (38 Sâd: 41, 42). Pour les soufis, ce verset donnerait la permission de danser !

Réfutation : cet argument n’est pas valable car Allah عز وجل n’a pas ordonné à Ayyoub عليه السلام de frapper de son pied par joie ou extase mais seulement pour qu’il agisse et que son acte soit la cause (de la sortie de l’eau de terre) par générosité pour Son Prophète عليه السلام .

3) Le hadith sur les sautillements

Il est rapporté ( ICI ) que Le Prophète ﷺ s’est adressé à ‘Alî de cette façon: « Tu es issu de moi et moi de toi » alors ‘Alî sautilla; puis il dit a Ja’far « Tu me ressembles physiquement et moralement » alors il sautilla derrière le sautillement d’Alî puis il dit à Zaïd « Tu es notre frère et notre affranchi » alors Zaïd sautilla derrière le sautillement de Ja’far.

Ce hadith a été rapporté par Ahmad, al-Baïhaqui et al-‘Iraquî. Ce dernier juge que son isnad est bon. Mais dans la vérification du mousnad d’Ahmad, al-Arnâout dit que l’isnad est faible est que le terme « sautillement » est réprouvé et étrange. C’est pourquoi, dans le Sahih de Boukhârî, on trouve cet évènement  mais sans que le sautillement des Compagnons رضي الله عنه ne soit rapporté.( Voir : ICI )

Réfutation : En supposant que le hadith soit authentique, on n’y trouve pas que les Compagnons رضي الله عنهم aient dansé dans une séance de dhikr (loin d’eux de faire une telle chose !), on trouve seulement qu’ils ont manifestés leur joie, en sautillant, à cause des éloges que leur a fait le Prophète ﷺ. Ce hadith ne peut donc pas servir de preuves aux danses soufies.

4) Le hadith sur les 2 petites filles

La mère des croyants, ‘Aïcha رضي الله عنها a dit : « Abû Bakr est entré chez moi alors que deux petites filles Ansarites chantaient (les poésies) que les Ansârs avaient récitées lors de la bataille de Bu’âth (qui s’est déroulée entre les deux tribus al-‘Aws et al-khazradj). Elles n’étaient pas des chanteuses. Abû Bakr dit alors : “ Comment les chants (ou flûtes) du diable dans la maison du Messager d’Allah ﷺ ?! C’était le jour de la fête, le Messager d’Allah ﷺ dit alors : “Ô Abû Bakr ! Chaque peuple a une fête et ceci est notre fête.” » (Boukhari et Mouslim). Des soufis se sont fondés sur ce hadith pour autoriser la chanson ainsi que le fait de l’écouter avec ou sans instrument de musique.

Réfutation : Ibn Qayim رحمه الله trouve étonnant que l’on puisse se baser sur le chant de 2 petites filles, un jour de fête, qui se réjouissaient (en chantant) des vers (de la poésie arabe) parlant du courage, des guerres, de la haute moralité et des bons caractères pour ‘Aïcha رضي الله عنها (très jeune à cette époque) pour rendre licite le fait d’écouter la musique ! Quel lien existe-t-il entre ceci et cela ? De plus, Abou Bakr رضي الله عنه a nommé cela « les chants (ou flûtes) du diable » sans que le Prophète ﷺ ne le démente, il l’a autorisé parce qu’il s’agissait de 2 petites filles qui ne pouvaient pas provoquer la débauche par leurs chants. Cela peut-il être considéré comme un argument apte à légitimer le fait d’écouter de la musique, avec toutes les implications que nous connaissons ?. Pureté à Allah ! Comme est fausse leur raison et leur compréhension ! (Madaridj As-Salikîn 1/493)

Ibn Al-Jawzî رحمه الله a dit: Aïcha رضي الله عنها était très jeune à ce moment-là. Mais lorsqu’elle est devenue adulte, elle n’a pas cessé de condamner la musique. Son cousin Al-Qâsim ibn Muhammad qui était son élève condamnait lui aussi la musique et interdisait son écoute. Voir Talbîs Iblîs 229 

Ce hadith nous montre, en fait, qu’il est permis aux petites filles de chanter des chants dans lesquels il n’y a pas d’interdit religieux et ce durant les jours de fêtes mais ne peut pas servir de preuve pour adorer Allah تعالى par des chants ou de la danse ! 

5) La danse des abyssins

Des hadiths, rapportés par al-Boukharî et Mouslim, nous apprennent que pendant la fête, des abyssins (éthiopiens) sont venus à la mosquée du Prophète ﷺ et ont joué, devant lui, avec leurs lances. (voir : ICI ). Ils ont pratiqué le zafn الزَّفْن qui est une sorte de marche mêlée à la danse. Ceci est souvent pratiqué pendant la guerre, avant le combat afin de montrer son courage à l’ennemi. Les soufis, quant à eux, pensent que cela est une permission pour la danse soufie.

Réfutation : Dans son explication du Sahih Mouslim,  a-Nawawî رحمه الله , dit que dans le hadith, il y a une  autorisation de jouer avec les armes dans la mosquée et que cela fait partie des choses qui aident au combat. Pour Ibn Hajar رحمه الله, les hadiths sont une preuve qu’il est permis de jouer avec les armes en sautant afin de s’entraîner et s’encourager à la guerre (Fath al-Bârî).

En lisant les commentaires des savants, il apparaît clairement que ces hadiths ne peuvent pas servir de preuve à la danse soufie. De plus, il faut savoir que durant cet évènement, les abyssins ne se trouvaient pas autour du Prophète ﷺ, et ne pratiquaient pas le dhikr, comme le soutiennent certains qui tentent, par tous les moyens, de trouver un argument à leurs innovations.

Nous nous contenterons de ces quelques arguments, avancés par les soufis, car les présenter tous allongerait inutilement le sujet car tous sont du même style; soit inexacts, soit avec une fausse interprétation. Pour ceux qui voudraient en savoir plus, ils peuvent consulter les articles mentionnés dans les références (en fin de sujet) et le livre de l’imam ibn Qayyim al-Jawziyya : الكلام على مسألة السماع : ICI ( Discours sur la question du samâ’ )

Le Qâdi ‘Iyâd رحمه الله a dit: « Al-Massîbî a dit: « Nous étions avec Mâlik رحمه الله et ses compagnons étaient autour de lui. Un homme de Nousseïbine (ou Nusaybin, ville au sud-est de la Turquie) a dit: « Ô Abou Abdoullah ! Nous avons chez nous des gens que l’on appelle les soufis. Ils mangent beaucoup, puis ils récitent des poèmes puis ils se lèvent et dansent ». Mâlik dit alors: « Sont-ils des enfants ? » L’homme répondit « Non ». L’imam demanda: « Sont-ils fous ? ». Il répondit: « Non, ce sont de vieilles personnes ». Mâlik dit alors: « Je n’ai jamais entendu que quiconque, parmi les musulmans, agisse ainsi » 

7) Dangers du samâ’

Appeler au soufisme par les chants et la musique pour se rapprocher d’Allah تعالى est un moyen d’agrandir le nombre des disciples car les gens aiment s’amuser. Occuper le musulman à chanter, à danser, à réciter des invocations et du dhikr inventés est un moyen pernicieux de l’éloigner de la voie droite, de la vraie science, de l’apprentissage de l’arabe, du Coran, des hadiths, des tafsirs…etc De plus, on s’aperçoit que ceux qui sont habitués à cette pratique ont plus de difficulté à écouter et à s’émouvoir du Coran. Et écouter des vers leur procure plus de plaisir que d’écouter le Livre d’Allah تعالى !

8) Conclusion

Les soufis ont essayé de justifier, par tous les moyens, le samâ’ en s’appuyant sur des sources islamiques en leur donnant une fausse signification ou en utilisant des sources qui ne sont pas authentiques. Ils ont réussi, de cette façon, à convaincre certaines personnes, c’est pourquoi il est important que la Communauté soit informée de la fausseté de leur argumentation.

La danse, les chants dans des séances de dhikr font partie des innovations et ne permettent donc pas de s’approcher de son Seigneur. Les chants et les mouvements du corps pratiqués par les soufis ressemblent en réalité aux pratiques des chrétiens et des juifs. Il suffit d’ailleurs comme preuve de la fausseté du samâ’ de dire que le Prophète ﷺ ne le pratiquait pas, de même que ses Compagnons رضي الله عنهم . oummatoukoum le 5 Joumada a-thanî 1442 / 18-1-2021.

والله تعالى أعلم

Références :

(1) عبادات تحت الضوء…السماع والذكر عند الصوفية : ICI

(2)   الوجد والرقص عند الصوفية : ICI

(3)  بطلان الاستدلال بلعب الحبشة بالحراب على الرقص الصوفي ! : ICI

(4)  هل ثبت حديث أن الصحابة رقصوا ويستدل بذلك على الرقص في حلق الذكر ؟ : ICI

(5) L’interdiction de la musique en islam 1/2 : ICI

     L’interdiction de la musique en islam 2/2 : ICI

(6) La position de l’Islam par rapport à la musique, le chant et la danse : ICI

(7)  آراء أئمة الإسلام في التصوف وأهله  ICI

Le samâ’ soufi est-il islamique ?
L'avis de l'imam Mâlik sur le samâ' soufi
L’avis de l’imam Mâlik sur les chants et danses soufis

La retraite soufie est-elle islamique?

   Al-khalwa, pratiquée par les soufis fait-elle partie de l’islam ?            

الحمد لله رب العالمين والصلاة والسلام على نبينا محمد

On trouve dans les voies soufies une pratique, nommée « la retraite الخلوة » qui consiste, pour le disciple, à s’isoler durant un certains nombre de jours tout en observant les prescriptions de son cheikh. Le mot khalwa, en arabe, a plusieurs significations dont: la solitude, la retraite, l’isolement, l’ermitage; il est également employé pour désigner le lieu de réunion des Druzes. 

Cette retraite ne doit pas être confondue avec la retraite spirituelle, al-i’tikâf  الإعتكاف, enseignée par notre Prophète bien-aimé ﷺ, qui se pratique dans la mosquée. Afin de justifier la khalwa, les soufis avancent les arguments suivants:

1) Le séjour du Prophète ﷺ dans la grotte de Hirâ

Pour les soufis, le fait que le Messager ﷺ soit resté isolé dans cette grotte, à adorer Allah تعالى , est une preuve du bien-fondé de leur retraite. Cet argument n’est pas valable car le Prophète ﷺ a fait cela avant la prophétie et les musulmans n’ont pas reçu l’ordre d’imiter les actes du Messager ﷺ réalisés avant la prophétie. Par contre, ils ont reçu l’ordre d’imiter le Prophète ﷺ après qu’il ait été caractérisé par le  Message; ses paroles et ses actes sont alors devenus un exposé de la loi d’Allah تعالى comme Le Seigneur le dit: « En effet, vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle (à suivre) pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment » (33 Les coalisés: 21)

Lorsqu’Allah تعالى accorda la prophétie au Messager ﷺ, celui-ci ne se rendait plus à la grotte de Hirâ (ou ne faisait pas de retraite dans un endroit isolé) alors qu’il est resté plus de 10 ans à la Mecque, en tant que Prophète, avant d’émigrer à Médine. Plus tard, il est revenu plusieurs fois dans cette ville pour faire l’oumra (عمرة القضاء), lors de la conquête de la Mecque (où il est resté une vingtaine de nuits) et lors du pèlerinage de l’adieu (حجة الوداع ) où il est resté 4 nuits, et pourtant, il n’est jamais parti à Hirâ. De même, les califes bien guidés رضي الله عنهم ne s’y rendaient pas et ne faisaient pas de retraite comme celle des soufis. (1) 

2) L’histoire de Moïse عليه السلام

Allah تعالى nous dit: « Et Nous donnâmes à Moïse rendez-vous pendant trente nuits, et Nous les complétâmes par dix, de sorte que le temps fixé par son Seigneur se termina au bout de quarante nuits… » (7 Al-A’râf: 142)

Les soufis affirment que ce rendez-vous donné par Allah عز وجل à Moïse عليه السلام est une preuve pour justifier la khalwa; et c’est aussi pourquoi on trouve certaines voies qui proposent des retraites de 30 et 40 jours. Cette argumentation est une erreur car cette pratique ne fait pas partie de la loi islamique; elle a été légiférée pour Moïse عليه السلام de même que le sabbat pourtant les musulmans ne pratiquent pas le sabbat. De même, dans la loi de Moïse عليه السلام, il y a des choses qui sont interdites mais autorisées dans la loi du Prophète Mouhammad ﷺ. Donc en suivant l’argumentation des soufis, on en conclut qu’ils suivent une loi qui est abrogée. (2)

3) Le verset « Fuyez donc vers Allah… »

Pour les soufis, leur retraite est une façon de fuir vers Allah تعالى et comme notre Seigneur nous ordonne de fuir vers Lui dans le verset: « Fuyez donc vers Allah. Moi, je suis pour vous de Sa part, un avertisseur explicite » (51 Qui éparpillent: 50) alors cela justifie leur pratique ! Ce raisonnement est faux car une pratique qui ne fait pas partie de l’islam n’est pas un moyen de s’approcher de son Seigneur mais au contraire de S’en éloigner car le Prophète ﷺ a dit : « Quiconque accomplit un acte [religieux] que nous n’avons pas ordonné le verra rejeté » (Mouslim). De plus, durant les khalwas, on demande au disciple de faire des dhikrs et des invocations inventés. Pour ceux qui sont intéressés de connaitre le déroulement d’une retraite faite au Soudan par un ancien cheikh de la voie a-Tijâniyya, ils peuvent lire l’article « Soufisme et magie (1) »  

En lisant les tafsirs des savants du verset « Fuyez donc vers Allah… » on comprend mieux ce que notre Seigneur attend de nous. Ainsi pour l’imam a-Tabarî رحمه الله, Allah تعالى dit: « Ô les gens! Sauvez-vous du châtiment d’Allah vers Sa Miséricorde en croyant en Lui, en suivant Son ordre et en Lui obéissant… »

Pour al-Qourtoubî رحمه الل: …Fuyez les désobéissances à Allah pour l’obéissance  Pour ibn ‘Abbas رضي الله عنه : Fuyez vers Allah en vous repentant de vos péchés et fuyez de Lui vers Lui et agissez en Lui obéissant

Pour a-Sa’dî رحمه الله, fuir vers Allah تعالى signifie fuir ce qu’Il déteste, extérieurement et intérieurement, vers ce qu’Il aime, extérieurement et intérieurement. Fuir l’ignorance pour la science, fuir l’incrédulité الكُفْر pour la foi, fuir la désobéissance à Allah pour l’obéissance, fuir l’insouciance الغفلة pour le rappel d’Allah عز وجل….

Pour voir ces tafsirs et ceux d’autres savants, cliquez ICI

4) Le verset « Moi je pars vers mon Seigneur »

Les soufis comparent leur retraite comme étant une émigration vers Allah تعالى en mentionnant le verset coranique suivant: « Et il (Ibrahim) dit: ‘’ Moi, je pars vers mon Seigneur et Il me guidera » (37 les rangés: 99).

Ibrahim عليه السلام a prononcé cette phrase lorsqu’Allah تعالى l’a secouru de son peuple et l’a sauvé de leurs ruses. C’est-à-dire « J’émigre du pays de mon peuple vers Allah تعالى, c’est-à-dire vers la Terre sainte et je me sépare d’eux et je les quitte pour adorer Allah (3). Un verset qui parle de l’émigration d’un Prophète عليه السلام d’un endroit où les idoles sont adorées vers un endroit où il pourra adorer librement son Seigneur ne peut en aucune façon servir d’argument en faveur de la pratique de la retraite soufie.

5) Les hadiths sur l’isolement العُزْلة

Quelqu’un pourrait penser que les hadiths sur l’isolement permettent la pratique des khalwas soufies. Cependant, en lisant les commentaires de ces hadiths, on comprend qu’ils parlent d’un tout autre sujet et ne peuvent, en aucune manière, servir de preuve à ces retraites. Voyons ce qu’il en est:

Dans le sahîh de Boukhârî, on trouve، au chapitre des troubles الفتن, le hadith suivant: « Peu s’en faut que le meilleur bien du musulman soit un troupeau de moutons qu’il fait paître sur le sommet des montagnes et dans les endroits pluvieux, se sauvant des troubles avec sa religion »

Mouslim, quant à lui, a rapporté qu’un homme est venu voir le Prophète ﷺ et a dit : «  Quel est le meilleur des hommes ? Il répondit: Un homme qui combat dans le chemin d’Allah avec ses biens et sa personne. Il dit: Puis qui ? Il répondit: Un croyant, dans un des cols de montagne, qui adore Allah, son Seigneur et préserve les gens de son mal »

Le premier hadith indique qu’il est préférable, pour le musulman, de s’isoler des gens et de ne pas les fréquenter lorsqu’il craint pour sa religion, en raison de la multitudes des troubles; de telle sorte que s’il les fréquente, il risque de perdre la foi, de s’écarter de la vérité, de tomber dans le polythéisme ou d’abandonner les principes et les piliers de l’Islam.

Quant au deuxième hadith, le Prophète ﷺ a classé, par ordre de mérite, celui qui s’isole juste après le combattant dans la voie d’Allah تعالى car celui qui fréquente les gens n’échappe pas au fait de commettre des péchés. Et peut-être que ces péchés sont plus nombreux que les bonnes actions qu’il obtient en fréquentant les gens. Cependant la préférence de l’isolement concerne exclusivement les périodes de troubles.

Pour ce qui est de s’isoler en dehors des périodes de troubles et en l’absence de toute crainte pour sa foi, les ulémas ont émis différents avis à cet égard. La majorité d’entre eux soutient que la fréquentation des gens est préférable à l’isolement en s’appuyant sur différentes preuves parmi lesquelles:

a) Telle était l’attitude du Prophète ﷺ, des précédents Prophètes عليهم السلام et de la majorité des Compagnons رضي الله عنهم

b) Le Prophète ﷺ a dit : « Le croyant qui fréquente les gens et supporte leur mal (obtient) une plus grande récompense que le croyant qui ne fréquente pas les gens et ne supporte pas leur mal » . (déclaré authentique par al-Albani dans le Sahih de Tirmidhi)

c) Fréquenter les gens permet d’accomplir les pratiques de l’Islam, d’agrandir le rang des musulmans, de leur apporter le bien en les aidant, en les secourant ou autre, de participer à la prière du vendredi et aux prières collectives, d’assister aux enterrements, de visiter les malades…etc. (4)

6) La retraite dans la voie shadhiliyya الشاذلية

Les shadhilis sont connus pour la pratique de la retraite. Durant sa khalwa, le disciple doit regarder fixement, pendant 1 heure (1/2 h pour le débutant), le Nom « Allah », écrit blanc sur noir (imprimé sur une feuille), tout en répétant silencieusement « Allah, Allah… ». Ensuite, il doit fermer les yeux, pendant encore 1 heure (1/2 h pour le novice), et répéter silencieusement «  Allah, Allah… » tout en gardant présent dans son coœur l’image du Nom « Allah ». (5)

Analyse : Cette pratique est en fait un piège qui a pour but d’amener le soufi à penser à l’image du Nom écrit  au lieu de penser à Allah تعالى ! Il fallait y penser..comme ruse diabolique, difficile de faire pire ! Pour en arriver aussi à mettre son tapis de prière juste en face d’un tableau (où sont écrits les Noms d’Allah تعالى ) et une plaque où est inscrit « Allah » comme on peut le voir ICI. De plus, faire le dhikr, en répétant « Allah, Allah » ne fait pas partie de la Sounna, c’est une innovation (bid’a) (6).

Il faut savoir que ces shadhilis suivent les enseignements de Mouhammad Sa’îd al-Jamal a-Rifâ’î, محمد سعيد الجمل الرفاعي (décédé en 2015) (7). Cette personne a écrit de nombreux livres en anglais; on y retrouve les inventions soufies comme la réalité mouhammadienne ; l’anéantissement (al fanâ’ الفناء في ) en Allah تعالى, dans le Prophète ﷺ et dans le cheikh; le partage de la science en vérité et charî’a…etc (8) Il écrit aussi que le disciple doit invoquer son cheikh lorsqu’il craint quelque chose et que s’il répète le nom de son cheikh, il sera libéré de sa peur, que le diable ne peut pas prendre l’aspect du cheikh…en résumé comment apprendre au disciple à adorer son cheikh à la place d’Allah !  (9)  

Le pire dans tout cela est qu’il était également l’imam de la troisième mosquée de l’islam, la mosquée d’Al-Aqsa ! .إنا لله وإنا إليه راجعون

7) Conclusion

À la vue de ce qui précède, on peut affirmer que la retraite soufie ne fait pas partie de l’islam. C’est une innovation qui imite la pratique des chrétiens et des boudhistes, car on retrouve chez eux ce genre de retraite.

Afin d’attirer les musulmans à cette bid’a, des voies soufies proposent à leurs adeptes des « retraites touristiques » c’est-à-dire qu’elles se déroulent dans des endroits agréables, au milieu de la nature, dans le désert…etc. Et pour ceux qui aiment marcher, il y a la version « retraite itinérante » ( voir ICI )

Tout cela ne doit pas tromper le musulman qui veut suivre l’exemple de son Prophète ﷺ qui ne pratiquait pas ce genre de retraite après avoir reçu la prophétie. Le croyant qui aime sincèrement Allah تعالى, est celui qui suit le Messager ﷺ car notre Seigneur nous dit: « Dis: Si vous aimez vraiment Allah, suivez-moi, Allah vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allah est Pardonneur et Miséricordieux » (3 La famille d’Imran: 31). oummatoukoum le 20 Joumada al-awal 1442/ 4-1-2021. 

والله تعالى أعلم 

Références:

(1) حكم الخلوة في البرية كما يصنع الصوفية ICI

(2) هل يستفاد من قصة موسى عليه السلام مشروعية الخلوة بعيدا عن الناس ؟ : ICI

(3) Tafsir a-Tabarî: ICI

(4) استحباب العزلة عند الفتن وخوف المسلم على دينه: ICI

(5) Instructions pour la khalwa (en haut, à droite) : ICI Il est bon de faire une capture d’écran de cette page afin de conserver ces informations.

(6) حكم الذكر بالاسم المفرد : ICI

Innovation dans l’invocation : ICI

(7) محمد سعيد الجمل الرفاعي : ICI

(8) «The Ocean of The Mercy »: Muhammad Sa’îd al-Jamal a-Rifâ’î. Voir ICI puis cliquez sur les chapitres

(9) « The Path to Allah, Most High » Muhammad Sa’îd al-Jamal a-Rifâ’î . Voir ICI p223,224

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